Christophe Arleston, Olivier Gay & Olivier Boiscommun, Les maléfices du Danthrakon — volume 1 : “La Diva des pics”

Quand un gri­moire est mélomane…

Le Dan­thra­kon est le plus fabu­leux des gri­moires du monde d’Alwynn. Et de tous les autres, d’ailleurs : nulle part l’histoire de la magie ne fait men­tion d’un ouvrage aussi puis­sant, aussi… par­ti­cu­lier.

Karyelle, une cité per­chée sur un pic mon­ta­gneux, pos­sède un opéra en plein air qui jouit depuis tou­jours d’une belle répu­ta­tion. C’est là que Pto­lo­melle se pro­duit, accom­pa­gnée à la harpe par sa sœur.
Parmi les spec­ta­teurs, le baron Sigle-Hume est séduit et demande à l’Archimage qui l’accompagne, d’inviter la can­ta­trice à la récep­tion qu’il orga­nise le soir même. Pto­lo­melle est folle de joie. C’est la gloire. Mais arrive un membre de la guilde des voleurs dont elle est l’otage depuis des années. Parce qu’ils veulent frap­per un grand coup, ils ont enlevé ses parents et la somment de lais­ser une fenêtre ouverte pour cam­brio­ler le palais de l’Archimage.
Alors qu’elle ouvre une croi­sée, elle est sur­prise par Arnulf, un garde. Celui-ci, séduit par la beauté de la jeune femme, se pro­pose de lui faire visi­ter l’ensemble du bâti­ment. Mais, il sou­hai­te­rait qu’elle puisse déro­ber quelques bou­teilles au buf­fet. Et la visite, bien arro­sée, va dégé­né­rer de façon dra­ma­tique tant pour Pto­lo­melle que pour le jeune garde…

Ce fameux gri­moire a déjà fait par­ler de lui en infec­tant un jeune mar­mi­ton dans une tri­lo­gie parue chez Dra­koo entre sep­tembre 2019 et novembre 2020. Il est sen­sible à l’art, à la beauté. Ici, c’est le chant qui le séduit et le fait s’attacher à la can­ta­trice.
Mais ce livre fan­tasque attise les pas­sions et sa pos­ses­sion, bien que très incer­taine en matière de consé­quences, est source de ten­ta­tions malsaines.

Les auteurs enchaînent une série de péri­pé­ties oppo­sant Pto­lo­melle à la guilde des voleurs, menannt Arnulf à essayer de l’aider, lui-même se retrou­vant en grande dif­fi­culté. Ils mul­ti­plient les facé­ties du livre magique pour une suite d’aventures toutes plus éche­ve­lées, toutes plus drôles les unes que les autres.
Si l’on connaît la capa­cité presque inépui­sable d’un Chris­tophe Arles­ton pour les jeux de mots, l’espièglerie, les trou­vailles humo­ris­tiques les plus impro­bables, il est aidé par un Oli­vier Gay qui œuvre dans la même veine avec le même talent. Et cela fuse, bour­donne. C’est un feu d’artifice de drôleries.

Le gra­phisme se par­tage entre Oli­vier Bois­com­mun pour les des­sins et Claude Guth, le maître ès-couleurs. Avec un trait effi­cace, plein de finesse, il construit des per­son­nages aux rap­ports de super­hé­ros. Mais il met en images, avec éner­gie, cette suite d’actions débri­dées, de faits pica­resques. Et par son des­sin, qu’il com­plète avec des détails ori­gi­naux, il ajoute une couche fort humo­ris­tique.
La colo­ri­sa­tion est active, d’une grande qua­lité, met­tant en valeur des décors tra­vaillés, des expres­si­vi­tés toniques.

Ce tome débute une série où le gri­moire occupe une place impor­tante, fai­sant vivre des aven­tures dyna­miques aux per­son­nages. Un album à ne pas rater pour son intrigue enle­vée, pour sa drô­le­rie en ces temps par­ti­cu­liè­re­ment moroses.

serge per­raud

Chris­tophe Arles­ton (scé­na­rio), Oli­vier Gay (scé­na­rio), Oli­vier Bois­com­mun (des­sins) & Claude Guth (cou­leurs), Les malé­fices du Dan­thra­kon — volume 1 : La Diva des pics, Bam­boo, label “Dra­koo”, juin 2022, 56 p. — 15,90 €.

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