Mathieu Mariolle & Laurence Baldetti, Arjuna

Quand la pro­phé­tie doit s’accomplir…

L’Inde et ses mys­tères, avec ses dieux mul­tiples, ses bes­tiaires mytho­lo­giques, ses rites et ses légendes, sert de matière pre­mière au récit concocté par Mathieu Mariolle. Avec en toile de fond, la conquête du pays par les Anglais, il met en scène une riche popu­la­tion de per­son­nages, tant humains que légen­daires.
Les deux actrices prin­ci­pales sont Arjuna et Isa­bella. Si la pre­mière se pré­sente comme une mer­ce­naire aux capa­ci­tés com­ba­tives peu com­munes, elle recèle une richesse de dis­po­si­tions qui s’exprimeront jusqu’au dénoue­ment. Elle par­tage les feux de la rampe avec la fille du gou­ver­neur, une jeune femme avide de vivre, qui va se être entraî­née dans une course folle dans un pays dont elle ne connaît presque rien et rece­voir une révé­la­tion qui va scel­ler son des­tin. Elles sont entou­rées de per­son­nages cap­ti­vants, d’une grande impor­tance, que ce soit ce capi­taine pirate qui lutte pour que l’Inde reste libre, ce prêtre excom­mu­nié à cause des théo­ries qu’il pro­fesse et qui ne sont pas dénuées d’intérêt car la Bible est peu diserte sur les trente pre­mières années de Jésus.

Pour conqué­rir l’Inde, les Anglais veulent éli­mi­ner les dieux locaux. Arjuna met ses pou­voirs sin­gu­liers au ser­vice des plus offrants. Elle guide une troupe de sol­dats vers un temple pour éli­mi­ner l’idole qui y loge. La mis­sion accom­plie, elle doit fuir car le chef du com­mando veut se débar­ras­ser d’elle.
À Bom­bay, la capi­tale du RAJ bri­tan­nique, quelques mois plus tard, Isa­bella, la fille du gou­ver­neur Boone sort d’une nuit de plai­sir. Inter­ro­geant une femme qui pré­pare le décor pour une fête de neuf jours, elle entend par­ler pour la pre­mière fois de Rãvana, un démon néfaste et mal­fai­sant qui se réin­carne. Il est si craint que, dès qu’il y a sus­pi­cion, le bébé est immé­dia­te­ment enlevé à la mère.

Pour­sui­vant sa route, Isa­bella est agres­sée, mais reçoit le secours d’une sil­houette mas­quée qui… l’assomme. Lorsqu’elle se réveille, elle est sur un bateau avec Arjuna. Cette der­nière a reçu mis­sion, par le Gou­ver­neur, de rame­ner sa fille en Angle­terre.
Mais peut-on ima­gi­ner que le par­cours vers Londres va se dérou­ler sans gros problèmes…

Le des­sin est l’œuvre de Lau­rence Bal­detti déjà croi­sée dans La quête d’Ewilan scé­na­ri­sée par Lylian d’après la tri­lo­gie de Pierre Bot­tero ou dans Perle Blanche avec au stylo Sébas­tien Floc’h. Avec son trait réa­liste tout en conser­vant quelques pen­chants pour la cari­ca­ture, elle enchaîne les actions mus­clées, des com­bats de titans. Elle signe des décors flam­boyants ne recu­lant pas devant des mises en pages déployées.
Son des­sin est magni­fi­que­ment rehaussé par les cou­leurs de Nico­las Vial qui accom­pagne avec talent les dif­fé­rentes atmo­sphères du récit, les chan­ge­ments de cli­mat, met­tant en valeur tant les scènes diurnes que noc­turnes. Un dos­sier de douze planches pré­sente recherches et hommages.

Avec Arjuna, Mathieu Mariolle revi­site le folk­lore et le bes­tiaire de l’Inde dans une fresque por­tée par des per­son­nages sin­gu­liers, aux décors superbes, ani­mée par des aven­tures spec­ta­cu­laires, mise en images par magni­fique graphisme.

serge per­raud

Mathieu Mariolle (scé­na­rio), Lau­rence Bal­detti (des­sin) & Nico­las Vial (cou­leurs), Arjuna, Glé­nat, coll. “Hors Col­lec­tion”, mai 2022, 96 p. – 19,00 €.

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