Claire Boitel, La nuit est toi

Sombre clarté au cœur de la nuit de l’être

Tout est ici en désordre à tra­vers la situa­tion d’une cer­taine Eléo­nore, double de la nar­ra­trice, qui mène sa vie en une suite de frag­ments là où l’action devient la soeur du rêve au sein d’un récit noc­turne propre aux abîmes du temps comme aux abysses de la sensualité.

Un tel récit oni­rique ouvre sur l’infini de son déchif­fre­ment.
Mais il est aussi refermé der­rière la vitre où la nar­ra­trice l’observe tout en espé­rant l’exactitude, indis­pen­sable à l’élucidation.

Ce n’est tou­te­fois là qu’un piège tendu au lec­teur dans ce laby­rinthe, ses incar­na­tions et ses varia­tions. Les per­son­nages et la nar­ra­trice s’y dédouble moins pour se cacher que pour mettre à la lumière noc­turne ce qui monte au cer­veau en “gon­doles féériques”.

Le tout dans un uni­vers fan­tas­ma­tique où rien n’a lieu que le lieu même si, lui aussi, se réfracte.
Pas loin des “héca­tombes d’entrailles à la Fran­cis Bacon” mais qui, dans ce magma et par une telle alchi­mie, se trans­forment “en sève de diamant”.

Néan­moins, un cer­tain “mal” est fait, il n’est en rien bridé mais contri­bue au contraire à l’établissement d’une sombre clarté au cœur de la nuit de l’être.

jean-paul gavard-perret

Claire Boi­tel, La nuit est toi, Edi­tions Fables Fer­tiles, Ezan­ville, mai 2022, 94 p. — 15,00 €.

Leave a Comment

Filed under Poésie

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>