La modification ou l’Emmatome crochu
Jehan Van Langhenhoven, fidèle au lyrisme en haut degré qu’il sait couper au besoin (mais jamais à l’eau), crée une adresse à l’Aimée qui, parfois, s’écartant du jeu de l’amour fait celui de Thanatos. Le tout au moment — où pour simplifier — un train s’ébranle. Il n’est pas le seul.
D’autant que, selon le rédacteur d’une telle missive, “il y a des gens bizarres dans les trains et dans les gares” dont il fait autant partie que sa correspondante.
Elle a tout fait pour ne qu’il ne la possède. Tout sauf le nécessaire. Car il existe divers pratiques qui permettent à l’action d’être la soeur du rêve.
Car le rêve — eu égard et entre autres aux relents d’enfance (tardive) et de mauvaise littérature (de garnements) -, machinerie des fantasmes, prouve que les mots font ce que la femme ne fait pas.
D’où, dans ce train à la Delvaux, cette modification — comme écrivait Butor -, cette révolulotion onanirique qui shampooine les cheveux ou plutôt ses racines. Preuve que l’écriture n’est pas forcément “la dégaine fanée d’un vieux faune au gland flétri”.
Jehan Van Langhenhoven — pendant qu’il est temps, bref que Thanatos nous “tatane” — reste le fauve même quand la fin fait signe.
Demeure chez lui un chant du cygne qui, frisant de loin le vulgaire, le permanente de manière plus voluptueuse que grossière afin de réanimer la vie même si le verbe et le rêve n’en peuvent mais contre la grande mort.
Néanmoins — et c’est rassurant -, d’une façon ou d’une autre, s’érige la petite.
jean-paul gavard-perret
Jehan Van Langhenhoven, Traité d’onanirisme à l’usage de celles qui ont perdu la mémoire, Editions Douro, coll. La Bleu-Turquinn, Paris, juin 2022, 56 p. — 16,00 €.