Dans une poésie où la métaphore du désert est centrale, tout ramène à une problématique chère à Jabès.
L’expérience intérieure de l’altérité fait se rejoindre poésie, philosophie et religion — la première adopte les deux autres.
Le livre est bien pour une part dans l’air du temps puisque, selon lui, notre monde ignore les prophètes — c’est pour Fournier une manière de regretter combien Dieu est mort.
Mais il en cherche les signes sans désespérer.
Pour lui, “une autre page n’est pas encore ouverte sur la terre comme au ciel”. Et le poète attend et appelle de ses voeux un nouvel enfantement.
Si le destin humain charnel peut encore se spiritualiser, c’est, pour un tel poète, en se dégageant d’une “vie qui se cabre contre la vie”.
L’Evangile est souvent cité afin nourrir cette expérience d’alliance sur une grève sauvage et sous une brise marine à laquelle chacun peut souscrire même si le constat qui est fait est déjà bien connu. Il peut toutefois redonner aux êtres une pulsion nouvelle pour exister en un nouveau pacte sacré afin que l’ombre soit mangée par la lumière.
D’où le recours au désert.
jean-paul gavard-perret
Jean-Marc Fournier, Fragments du désert, Editions Ars Poetica, juin 2022, 76 p. — 18,00 €.