Philippe Aymond, Highlands — t.2 : “Le Survivant des eaux noires”

Quand la pein­ture mène à la vengeance !

Joseph Cal­len­der est revenu en Écosse après un séjour de quinze années en Ita­lie. Il est immé­dia­te­ment recruté comme peintre offi­ciel par le duc de Pax­ton. Mais, accusé d’avoir des rela­tions intimes avec Amé­lia, la fille du duc, il est arrêté. Le jour de son pro­cès, com­pre­nant qu’il est vic­time d’une machi­na­tion et qu’il ne peut, en ces lieux, faire la preuve de son inno­cence, il s’enfuit. Il est gra­ve­ment blessé par William, le fils du duc et dis­pa­raît dans les eaux du Loch. Paral­lè­le­ment, les rela­tions entre l’Écosse et l’Angleterre se tendent.
Deux fac­tions s’opposent, les tenants d’une fidé­lité au roi ins­tallé à Londres et les par­ti­sans de la dynas­tie des Stuart. La révolte est menée par le prince Charles Edouard qui fédère une grande par­tie des clans. Le père adop­tif de Joseph, le doc­teur Alan Mur­doch, par­court les High­lands, guidé par Mac­beth, un chien qui signale, par son atti­tude, l’existence des « Tuniques rouges ». Sa pré­sence a été deman­dée par Ian, un ser­vi­teur fidèle qui a sauvé Joseph et le veille depuis des mois. Celui-ci, incons­cient depuis sa fuite, s’est réveillé. Peu à peu, il retrouve ses forces et veut prou­ver son inno­cence. Il arrive à la conclu­sion que seul Peter Bur­dett, son apprenti, a pu tra­fi­quer ses des­sins. Com­mence alors, pour Cal­len­der une traque de tous les dan­gers dans une Écosse en guerre fra­tri­cide, où il n’a rien à attendre, ni des uns, ni des autres.

Philippe Aymond, dans ce dip­tyque, pro­pose une his­toire dans l’Histoire. Il place une pas­sion amou­reuse dans le contexte réel d’une guerre civile. En rete­nant l’année 1745, il ins­crit son récit dans un nou­veau sou­lè­ve­ment jaco­bite mené par un Stuart sou­tenu par la France. Il base son intrigue sur la ren­contre de deux êtres que tout rap­proche, mais que les conve­nances séparent. Sur un schéma qui sert de point de départ à la quasi-totalité de la lit­té­ra­ture dite “sen­ti­men­tale”, il concocte un récit au souffle épique, qui nous plonge dans les régions sau­vages de l’Écosse du XVIIIe siècle. Outre la machi­na­tion savam­ment our­die dont est vic­time son héros, le scé­na­riste implique la situa­tion poli­tique comme un élé­ment de ten­sion sup­plé­men­taire. Il mixte, avec aisance, les enga­ge­ments poli­tiques et les sen­ti­ments per­son­nels de nombre des per­son­nages et génère, ainsi, de mul­tiples rebon­dis­se­ments. Il expli­cite de belle manière les tenants et les abou­tis­sants, les enjeux et les consé­quences d’un des der­niers sou­lè­ve­ments jaco­bites. Le choix du dip­tyque est judi­cieux, car il per­met à l’auteur de ser­vir une his­toire dense, concise, sans se noyer dans des déve­lop­pe­ments inin­té­res­sants.
Homme-orchestre de sa série, il réa­lise un des­sin aca­dé­mique, soi­gnant avec le même souci, les décors et les per­son­nages, détaillant les pay­sages, les cos­tumes, les acces­soires. Sa mise en page dyna­mique offre une lec­ture agréable et fluide. Sa mise en images est rigou­reuse, fai­sant de chaque vignette une étape dif­fi­ci­le­ment contour­nable pour suivre une intrigue riche et documentée.

High­lands révèle une facette encore peu connue de cet auteur talen­tueux. Une série à décou­vrir en sou­hai­tant que Phi­lippe Aymond réci­dive sans trop tarder !

serge per­raud

Phi­lippe Aymond (scé­na­rio, des­sin, cou­leur), High­lands, tome 2 : “Le Sur­vi­vant des eaux noires”, Dar­gaud, mai 2013, 48 p. — 13,99 €.

 

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