Nathalie Koble permet de faire traverser une succession d’espaces de divers époques et souvenirs là où chaque “chambre” dans son extériorité ouvre sur l’intime qui, à la place d’une révélation, produit des changements de perspectives.
Le tout sous le sceau de Marie de France qui accompagne l’oeuvre de Nathalie Koble depuis longtemps : “L’umbre d’un grant oisel choisi/Par mi une estreinte fenestre :/Ele ne seit que ceo pout estre —/En la chambre volant entra”.
Existe donc un ensemble de lieux où se rejoignent un oiseau dans la chambre et l’infini dans le fini.
Tout joue entre apparition et disparition, naissance et mort dans le déplacement que provoque un tel livre jusqu’à ce que les chambres regroupées par trio arrivent à trente trois.
Dans une écriture proche du monde médiéval dont Nathalie Koble est spécialiste, le cinéma est toutefois présent à travers entre autres La mort aux trousses d’Hitchcock. Ce film devient emblématique pour signaler une marche obligée en détours et bifurcations.
Et si les intitulés des sections du livre rappellent des lieux extérieurs, c’est bien de l’intérieur dont il s’agit ici. Il est peuplé de choses et de silhouettes d’écrivains, d’artistes et de philosophes dont la liste alphabétique apparaît dans un Post-scriptum ( il va de Charles Baudelaire à Virginia Woolf.)
Surgissent voix, dialogues en tableaux, scènes et aventures dans le ” sentiment d’une coïncidence à venir” en un déplacement de textes et d’images qui se répondent pour tenter de relire, revoir, relier tel cet “oiseau de dedans” qui vole de texte en texte, de chambre en chambre avant de rejoindre les épaules de Charles d’Orléans, Christine de Pizan, Lucrèce, Marguerite de Navarre, Marie de France, Pétrarque, Sappho et bien d’autres transmetteurs d’émotions et d’expériences.
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jean-paul gavard-perret
Nathalie Koble, Extérieur chambres, Editions Nous, Paris, mai 2022, 124 p. — 16,00 €.