Marc Cholodenko, Bingo

Relance

Le jeu bru­tal et enfan­tin que Cho­lo­denko pro­pose ici prouve que tout humain est un marin à l’eau de rose, à l’eau de prose qui ici s’évapore à mesure qu’elle avance.
Les coeurs fra­giles échouent ainsi sur les rivages du cap Bonne-Espérance que tout jeu de hasard propose.

C’est ainsi que les capi­taines de nefs des fous partent à la dérive dans l’espoir de trou­ver un haut fond, une île, mille îles pour s’échouer en paix comme Jonas, qui fuit la face de l’Éternel. Mais il est vite rat­trapé par la courte paille — dont le bingo est une autre ver­sion.
Alors, il se jette à l’eau pour cal­mer la tem­pête. Mais avant qu’il soit rat­trapé par le ventre des émo­tions et désirs, l’auteur sai­sit ce pois­son qu’il bouffe tout rond

Plutôt que s’égosiller les cordes vocales tou­te­fois, il s’oblige à se taire lui-même en un jeu iro­nique d’effacement ou sub­sti­tu­tion.
Si bien que lui comme ses lec­trices et lec­teurs se reposent à l’ombre de la baleine même si elle n’a plus d’épaisseur que celle d’une carpe ou d’une carte.

jean-paul gavard-perret

Marc Cho­lo­denko, Bingo, P.O.L édi­teur, Paris, 2022, 96 p. –17,00 €.

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Filed under Chapeau bas, Poésie

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