Le sculpteur Nicolas Alquin avait déjà fait ses preuves littéraires avec son récit incandescent et jubilatoire Plein fer (2010). Il retrouve la même veine avec Noknok, récit de sa rencontre au coeur des forêts profondes du Canada avec les Nisga’as, derniers tailleurs ancestraux de “totem-pôles”.
Une nouvelle fois entre poésie et humour, l’auteur à la fois évoque son admiration pour ces artistes traditionnels et l’importance de ses sculptures primitives sur l’art occidental.
L’auteur remet aussi les pendules à l’heure en différenciant deux types d’images : “La grande différence entre une idole et une icône c’est que l’idole vous piège alors que l’icône vous accueille. Ainsi on est accueilli par la présence de la toute petite vierge en bois noirci de Rocamadour, mais on est piégé par un toutou en ballons pincés surévalué par d’obscurs investisseurs” écrit celui qui ajoute ses propres illustrations totémiques dans un échange poétique d’un genre particulier.
Dans ce récit, il taille les mots pour évoquer le visible et l’indicible, la main et l’esprit, la maîtrise et l’aléatoire. Existe là un exercice d’émerveillement. L’auteur et artiste sait mettre en exergue des piliers sculptés qu’il faut “écouter” et comprendre “comme des antennes, mieux, comme des tubes reliés aux forces supérieures.“
Ce que de tels sculptures montrent — au delà de leurs représentations zoomorphes et humanoïdes — reste la litanie perdue et éperdue des arts premiers.
jean-paul gavard-perret
Nicolas Alquin, Noknok, illustrations de l’auteur, Fata Morgana, Fontfroide le Haut, 2022, 48 p. — 11,00 €.
Ethnographique , fantastique , monumental , génial ! Nicolas ne met pas ses pas dans ceux du père et JPGP apprécie cette ” litanie ” des Arts Premiers .