Effacements et métamorphoses
Tina Cosmai crée d’étranges hantises de lieux maritimes. S’y joue une forme de proximité et/ou d’éloignement.
Et ce, pour un voyage de l’imaginaire là où la solitude demeure toujours présente.
La mer ouvre l’espace mais les photos renforcent cet effet d’optique. Existe un déplacement vers un ailleurs avec une impression étrange de participation mais aussi d’aliénation.
Si bien que ce travail divisé en cinq « petits chapitres », et qui est aussi l’inscription sur un panneau corrodé par le sel et surplombant une mer presque invisible, crée à la fois un enfermement et une échappée.
D’une nappe devenue “un paysage balnéaire improbable hybridé avec des implantations industrielles” (écrit la photographe), le regardeur éprouve toutefois et encore l’appel au rêve, au fantasme, à l’émotion que la créatrice visualise.
Certes le ciel est cadenassé de blancheur intemporelle et l’horizon bouché par des installations portuaires et industrielles — d’où l’émanation d’une certaine angoisse.
Demeurent toutefois des touches oniriques d’espoir entre gravité et légèreté.
C’est comme si toujours et non sans raison l’homme libre — comme le réclamait Baudelaire — se devait de chérir la mer.
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jean-paul gavard-perret
Tina Cosmai, Via di Fuga a Mare, Préface de Gigliola Foschi, Contrasto Éditions, 2022, 96 p. — 25,00 €.