Récemment, avec les quatre essais de sa Poétique du silence (Gallimard, collection Arcades, n° 128), Hertmans se demandait si l’écriture et la parole détournent de l’expérience véritable et de la vie en s’appuyant, pour y répondre, sur les décisions de Hofmannsthal, Hölderlin, Jakob Lenz et Paul Celan de se taire.
Mais, sachant — et pour reprendre une phrase de Michel Camus — que “le silence parle encore le silence”, le romancier à succès a développé parallèlement une oeuvre poétique d’importance.
Cette anthologie le prouve ; l’auteur passe d’un minimalisme ascétique à un langage moins austère. Et une musique du silence est soudain habitée d’une envergure philosophique et amoureuse, où se déploient diverses interrogations actuelles ou intemporelles.
Si bien que cet ensemble devient un voyage mystérieux dans les arcanes de la mélancolie, de la mémoire, de l’histoire et de l’art.
Une voix surgit de la nuit de l’Histoire pour donner plus de réverbérations à ce qui se passe aujourd’hui.
Loin d’un simple charme mélancolique, l’auteur offre un témoignage du travail humain dans la forme la plus achevée, la plus fragile, la plus émouvante de l’écriture : la poésie.
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jean-paul gavard-perret
Stefan Hertmans, Sous un ciel d’airain. Poèmes 1975–2018, traduit du néerlandais par Philippe Noble, Gallimard, collection Du monde entier, Paris, mai 2022, 304 p. — 20,00 €.