Albane Prouvost, dans son livre au titre énigmatique, propose une nouvelle fois des jeux de répétitions dont elle a le secret : ” avez-vous des questions renards embrasés ? /// renards embrasés posez vos questions /// avez-vous des questions renards embrasés ? / renards embrasés posez vos questions”.
Dès lors, tout semble s’éclaircir — enfin presque — en des références à la littérature soviétique des années 1920 (Maïakovski, Essenine, Khlebnikov, Mandelstam à qui l’on doit l’incipit “le poirier a tiré sur moi”) mais aussi Pouchkine, Leopardi et Milosz.
Pommier, cerisier, renard, poirier sont des mots récurrents dans l’oeuvre de la poétesse. Ce sont pour elle des voix de la matière qu’elle combine sans confondre le mot et la chose.
C’est pourquoi le langage prime sur le réel là où “le plus petit poirier du monde est un renard cramoisi” sans qu’il y ait pour autant de substitution.
Et si le “renard sans renard entre dans la bonne maison ///pas un renard pas une maison”, tout cela renvoie à la continuité.
Elle fait tout car c’est par elle que tout passe.
jean-paul gavard-perret
Albane Prouvost, renard poirier, La Dogana, Genève, mai 2022, n.p. — 25,00 €.