Le Gênois Edoardo Sanguineti (Gênes, 1930 – 2010) reste l’un des plus grands poètes italiens du XXème siècle. Figure de proue des “Novissimi” et du “Gruppo 63″, critique, prosateur, traducteur et passeur, il est l’auteur d’une poésie radicale, plurilingue et autobiographique.
Cahier de brouillon fait partie de ses ouvrages majeurs. Il est constitué de poèmes qui brouillent sans cesse les frontières entre narration, confession, déclaration et méditation. S’y découvre la puissance du corps.
Pour le dire, le disparate, la multiplicité des voix et des adresses, les glissements et les interruptions récusent toute solennité. Et demeurent surtout une ironie et un humour essentiels propres à désacraliser ce que d’autres poètes et littérateurs prennent trop au sérieux.
Mots et images ne sont plus épris d’eux-mêmes. Sachant que la main manquera toujours il ne s’agit pas pour autant de la passer. Sanguinetti sait couper court à l’amnésie des révélations par le recours à sa poésie acide et juste.
Nous sommes là au cœur d’une expérience poétique de premier plan et ce, dans un imaginaire de conquête qui, paradoxalement, permet de toucher à la dépossession de l’être et du monde et leur relatif chaos.
jean-paul gavard-perret
Edoardo Sanguineti, Cahier de brouillon, traduit de l’italien par Pierre Génard, édition bilingue, Nous Editions, Paris, 2022.