Pendant la Guerre de 1914/18, Arno Ixks sauve la vie du caporal Hitler. Depuis, il est devenu un archéologue de renom, antimilitariste. À la veille de la seconde Guerre Mondiale, Hitler a besoin de lui pour prouver que la race aryenne est supérieure. Il le contraint en retenant en otage des élèves, des connaissances d’Arno, en énucléant une de ses amies. C’est sur le plateau de l’Himalaya qu’il pourra trouver des éléments étayant cette théorie. Pour mener sa mission, il est assisté de Palden, une étrange jeune femme, accréditée par Himmler.
Le second tome commence à Berlin quand Arno s’envole, avec une escorte, pour Bagdad via Athènes, Rhodes et Damas. À Athènes, il retrouve Stravos Polychronis pour examiner “l’Astrolabe” un mécanisme d’une haute précision qui ressemble à celui d’une horloge astronomique. Il a été repêché dans une épave du Ier siècle avant notre ère. Palden provoque un malaise chez le professeur et s’empare de la machine dans la confusion qui s’ensuit. Sur l’île de Rhodes, ce sont les Anglais qui se font menaçants, mais Palden trouve une “solution”. Au-dessus de la Syrie, deux avions français forcent le Junker 52 à atterrir dans le désert. Un groupe de cavaliers les attend pour un duel. La jeune femme se bat, tue son adversaire et s’empare de son sabre, une pièce unique. Mais le voyage est loin d’être terminé. D’énormes surprises attendent encore le couple…
Scénarisée à partir d’un épais roman (Paru chez Bamboo – 2010) au titre éponyme par les auteurs mêmes, cette trilogie aborde, entre autres, les recherches que firent les nazis pour prouver la supériorité de la race aryenne. Il serait comique, si cela n’avait pas dégénéré en horreur, de comparer l’apparence physique de ceux qui prêchaient la prédominance d’une race composée d’individus grands, blonds. Hitler, Goebbels, Himmler étaient petits, obèses, malingres, tout à l’opposé !
Mais L’Œil des Dobermans se veut d’abord un récit d’aventures débridées avec tous les ingrédients du genre. Dans ce présent tome, les auteurs multiplient les pièges, les chausse-trappes dans des décors exotiques, avec une gracieuse héroïne, en l’occurrence une jeune femme aux ressources insoupçonnées, qui se sort de situations difficiles avec brio. Les auteurs pimentent leur intrigue avec une large dose d’ésotérisme qui renforce la tension de l’histoire et nombre de questions dont on attend des réponses. Ils saupoudrent d’un humour, souvent décapant, ce feu d’artifice d’actions.
L’histoire met en lumière le rapport des forces en présence avant la Seconde Guerre mondiale, les zones d’influence que celles-ci cherchent à conforter, à développer voire créer. Il en est ainsi des Français en Syrie, des Anglais à Rhodes et en Irak, des Allemands qui cherchent à les évincer de ce pays en créant, par exemple, une ligne régulière entre Berlin et Bagdad. Les deux personnages principaux de l’album suscitent l’empathie. Si la personnalité d’Arno Ixks commence à être bien cernée, ce tome permet de découvrir une héroïne au profil psychologique complexe, qui se révèle une véritable machine de guerre.
Zanat Beb assure un dessin réaliste et dynamique qui convient parfaitement à ce type de scénario. Il semble se régaler à mettre en scène des combats aériens.
Bien que cette trilogie aborde un thème déjà été fort utilisé, l’angle de vision choisi par les scénaristes a un côté novateur fort intéressant.
serge perraud
Patrick Cothias & Patrice Ordas (scénario), Zanat Beb (dessins), Cyril Saint-Blanquat (couleurs), L’Œil des Dobermans - tome 2 : “L’Ombre des chiens”, Bamboo, coll. Grand Angle, mai 2013, 48 p. – 13,90 €.