Pier Paolo Pasolini, Je suis vivant

Ecce homo

Ces poèmes de jeu­nesse de Paso­lini sont d’une rare élé­gance. Le voca­bu­laire est sobre, hanté de quelques images réma­nentes.
Et l’auteur s’y pré­sente plus vieux qu’il ne l’était.

Se découvre en consé­quence la sépa­ra­tion de l’être inté­rieur et de l’apparence que le miroir incarne et creuse. Ainsi que le sen­ti­ment pro­fond que cha­cun a de soi et qui, d’une cer­taine manière, n’est pas le “bon”.
En effet, pour Paso­lini, le réel ne coïn­cide jamais avec la réa­lité de l’image que l’âge aggrave : l’âme peut res­ter pure au fur et à mesure que le corps se cor­rompt. Paso­lini le sait et en souffre.

Dès lors, entre vingt-trois et vingt cinq ans, il traque déjà les signes de la mort (qu’il a connue à tra­vers celle de son frère). Si bien que ces poèmes deviennent comme le bas-côté de la vie à la fois sombre et enso­leillé.
Tout semble sur­gir du silence. Celui de la cam­pagne qui pous­sait déjà à une soli­tude mor­telle et omni­pré­sente. L’espace est donc à la fois ouvert et fermé. L’ensemble reste vacant.

Il s’agit de faire face à ce vaste désert et “cette lumière hors de moi” où, en dépit du réel, l’enfant rêve encore et que l’homme affirme en cet héri­tage son “je suis vivant.”

jean-paul gavard-perret

Pier Paolo Paso­lini, Je suis vivant, bilingue, tra­duit de l’italien par Oli­vier Apert & Ivan Mes­sac, Post­face de Leo­nardo Scias­cia, Edi­tions Nous, Paris, 2022, 104 p. — 10,00 €.

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Filed under Echos d'Italie / Echi dell'Italia, Poésie

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