Ecrire permet de parler. C’est aussi un esto memor et un « fragile bégaiement de la beauté » et d’une certaine musique lorsqu’il ne reste que peu de choses avant de s’estomper.
C’est pourquoi tout poète digne de ce nom est un illusionniste.
Catherine Andrieu le prouve, moins pour tromper les autres que le temps qui passe.
C’est aussi une manière de faire le point avant que la nuit tombe et avec elle le dernier mot.
Existe là une sensation étrange qui prolonge la quête d’un Beckett. Catherine Andrieu devient comme lui un poète de l’effacement. Moins dure que celui dont elle devient une héritière putative, elle ménage – pour finir encore – des mots plus doux que les siens.
Et c’est ce qui fait tout le prix d’un tel livre rare.
jean-paul gavard-perret
Catherine Andrieu, Piano sur l’eau, Rafael de Surtis, Cordes, avril 2022, 44 p. – 15,00 €.