Paysages urbains
Franco Fontana - né en 1933 à Modène — est depuis les années 1960 l’un des grands maîtres de la photographie couleur. Ses premières études sur la couleur, l’espace, les forme et la lumière ont été montrées dans sa première exposition personnelle à Turin en 1965.
A partir de cette époque, il a publié de nombreux livres et effectué de nombreuses expositions personnelles et collectives à travers l’Italie et l’Europe. A la fin des années70, son premier voyage aux États-Unis le confronte soudain à des territoires urbains, bien différents de ceux qu’il connaissait jusque là.
Face à de tels lieux qui, pour lui, manquaient d’harmonie et jouxtaient un certain chaos, il a créé Paysage urbain où la présence humaine disparaît. Elle reviendra un peu plus tard avec sa série Presenza Assenza sous forme d’ombres au sein d’éléments architecturaux dont le photographe renverse les perspectives.
Le tout pour souligner le caractère énigmatique de l’humain au sein de tels paysages.
Ensuite à Arles, Turin et Venise et dans divers ateliers il passe au noir et blanc et entame une collaboration avec Vogue USA, Vogue France et assure plusieurs campagnes de publicité pour des marques diverses (Volkswagen, Volvo, Ferrari, Grundig, Kodak, etc) et pour la mode ( Versace, Hermès, etc.).
Puis, en 1989, il commence sa collaboration avec la revue “Il Venerdi” (hebdomadaire du quotidien italien La Repubblica).
En 1995, il participe à la Biennale de Venise avec l’exposition “Un secolo di ritratto fotografico in Italia 1895–1995″ et devient avec De Chirico, Schifano et Ceroli, le symbole de l’Italie à la Biennale mais pas seulement. Et depuis, il prolonge son travail par des études sur le microcosme des signes et des fragments de pavage de rue. Et il reste avant tout le magicien des couleurs dans sa volonté de — dit-il - “ne pas photographier ce qui est, mais ce que nous imaginons qui soit.“
Il s’agit de découvrir le monde à travers une subjectivité qui, en même temps, a besoin du monde pour le découvrir. Et Fontana d’ajouter : “libérez l’artiste qui est en vous et laissez cet artiste faire d’abord des photographies et pensez ensuite.”.
D’où chez lui tout un langage visuel particulier avec des couleurs vives, lumineuses, éclatantes de manière à faire apparaître irréels et imaginaires les paysages de l’Italie d’abord, puis ceux des USA qui sont devenus le fruit de diverses recherches et expérimentations.
jean-paul gavard-perret
Franco Fontana, America, Atlas Gallery, AIPAD — The Photography Show, New York, mai 2022.