Paolo Pelosi Bonini (Mind the gap !) : faire sauter la banque (des images) — entretien

Auto­di­dacte, Paolo Pelosi Bonini crée une oeuvre qui ne peut que séduire par ses qua­li­tés plas­tiques. Existe dans ses séries un ensemble unique par l’imaginaire et la pen­sée qui s’y déploient entre sim­pli­cité et sophis­ti­ca­tion. Le lan­gage pho­to­gra­phique y est épuré, par­fois noc­turne tou­jours pré­cis là où le monde se pense à tra­vers un che­min inédit.

Entre­tien :

Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
L’amour des miens, le remer­cie­ment pour la vie et le désir de vivre de nou­velles expériences.

Que sont deve­nus vos rêves d’enfant ?
Cer­tains ont été réa­li­sés par exemple avoir formé une famille, d’autres conti­nuent comme me consa­crer à mes pas­sions, la pho­to­gra­phie et la gui­tare, et cer­tains en cours de réa­li­sa­tion… d’autres qui sait…

A quoi avez-vous renoncé ?
A être ensei­gnant d’anglais ou de géo­gra­phie. Tout cela aurait été peut-être un plus juste tra­vail pour moi.

D’où venez-vous ?
Je viens de Reg­gio Emi­lia, une petite ville du nord de l’Italie, habi­tée par des gens expan­sifs, tenaces et pro­duc­tifs, ber­ceau du fro­mage et du jam­bon Par­mi­giano Reg­giano et, ne l’oublions pas, qui abrite depuis plu­sieurs années le Fes­ti­val euro­péen de la photographie.

Quelle est la pre­mière image qui vous a tou­ché ?
Les fresques de l’église que j’ai fré­quen­tée avec mes parents quand j’étais enfant. Je me sou­viens que je res­tais sou­vent debout pour admi­rer les visages qui repré­sen­taient les saints et les gens des Saintes Écritures.

Et le pre­mier livre ?
“San­do­kan” d’Emilio Sal­gari, mais aussi “Sans famille” de Hec­tor Malot

Com­ment par­ler de votre vision du corps ?
J’ai un grand res­pect pour le corps, pour sa per­fec­tion et sa déli­ca­tesse. Je suis tou­jours fas­ciné par les repré­sen­ta­tions qui sont don­nées par les artistes de la per­sonne humaine, peintres, sculp­teurs, pho­to­graphes… Je me sou­viens, par exemple, que je me suis arrêté long­temps, il y a plu­sieurs années, pour admi­rer la For­na­rina de Raphaël à Rome.

A qui n’avez vous jamais osé écrire ?
Je suis très loyal et expan­sif, alors j’essaie géné­ra­le­ment de dire tout ce que je res­sens aux gens autour de moi, en essayant de ne rien lais­ser « en attente » à qui que ce soit ; j’aurais peut-être pu écrire à mon pro­fes­seur d’école pri­maire qui m’a tant appris et je ne l’ai jamais remer­cié pour ce qu’il nous a donné en tant qu’élèves.

Qu’est-ce qui vous dis­tingue des autres pho­to­graphes ?
Je prends des pho­tos de tout ce qui m’excite. J’ai besoin de me rap­pe­ler à tra­vers les pho­tos tous les endroits que je vois et aussi les gens que je ren­contre, quand je peux … Je joue aussi de la gui­tare et je trouve très impor­tant, après avoir étu­dié, d’avoir l’occasion de par­ta­ger les mor­ceaux avec le public ; j’ai le même besoin de le faire avec la pho­to­gra­phie, je veux par­ta­ger mes images avec des gens qui peuvent juger les pho­tos, en leur don­nant sou­vent les por­traits qui les repré­sentent. Il y a quelques années à peine, j’ai pho­to­gra­phié des moto­cy­clistes à côté de leurs machines, en leur offrant  à tous les por­traits exposés.

Où et com­ment travaillez-vous ?
Je suis ban­quier et je tra­vaille dans les col­lines d’un vil­lage à envi­ron 30 km de ma ville. J’essaie d’amener l’humanité à un tra­vail à mon avis « froid » et très rationnel.

Quel livre aimez-vous relire ?
“L’ami retrouvé” de Fred Uhl­man ou “Gli amori dif­fi­cile” d’Italo Cal­vino, mais je pré­fère tou­jours lire quelque chose de nou­veau. Sur la table de che­vet, j’ai le sui­vant : “Crime et châ­ti­ment” de Dos­toïevski. J’aime vrai­ment beau­coup Georges Simenon.

Quand vous vous regar­dez dans votre miroir qui voyez-vous ?
Une per­sonne que je cri­tique sou­vent, parce qu’elle pour­rait tou­jours faire mieux.

Quels sont les artistes dont vous vous sen­tez le plus proche ?
Mal­heu­reu­se­ment, je n’ai pas eu d’études clas­siques, j’ai fait des études de comp­ta­bi­lité et de bud­get. Cepen­dant, j’ai tou­jours été attiré par l’art et j’ai tou­jours essayé de m’informer et de visi­ter des expo­si­tions de tout artiste, de toute époque et de tout genre. J’adore les clas­siques, j’ai déjà parlé de Raphaël, mais je me sou­viens du Titien, du Cara­vage, de Rem­brandt et Van Gogh, ou de Monet et Tur­ner ou de Mon­drian et Magritte. Je me sou­viens aussi de mon com­pa­triote Anto­nio Liga­bue. Si je passe aux pho­to­graphes, je me sou­viens de Cartier-Bresson, David Bai­ley, Doro­thea Lange, Mar­ga­ret Bourke White, Robert Frank et Bras­sai avec ses belles pho­tos de nuit de Paris. Mais aussi Wal­ker Evans et Vivian Maier. Dans les néga­tifs des pho­tos de cette der­nière, j’ai trouvé des pho­tos très inté­res­santes qui se suivent, sans déca­lage entre une photo et une autre… Parmi les Ita­liens, Gianni Berengo Gar­din et Fer­di­nando Scianna, Fran­cesco Zizola et Alex Majoli.

Qu’aimeriez-vous rece­voir pour votre anni­ver­saire ?
Un livre.

Que défendez-vous ?
La liberté et le res­pect des autres.

Que vous ins­pire la phrase de Lacan, “L’amour c’est don­ner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas” ?
Cela me fait pen­ser qu’il faut don­ner tout ce qui est pos­sible et peut-être l’impossible, c’est-à-dire pas le super­flu, à ceux qui nous entourent, mais que sou­vent cela peut ne pas être com­pris par la per­sonne qui reçoit tout cela : l’important, cepen­dant, est de le don­ner et de ne pas se las­ser de le faire.

Et celle de Woody Allen : “La Réponse est oui mais qu’elle était la ques­tion ?“
En tant que gar­çon, j’ai sou­vent rai­sonné comme ça, c’est-à-dire que j’ai dit oui sans trop réflé­chir à la ques­tion. En gran­dis­sant, je suis devenu plus réflé­chi et j’ai com­mencé à dire non…

Quelle ques­tion ai-je oublié de vous poser ?
La demande d’emploi à la banque.… hahaha !

Entre­tien, pré­sen­ta­tion et tra­duc­tion réa­li­sés par  jean-paul gavard-perret pour lelittterair.com, le 13 mai 2022.

ver­sion italienne :

Che cosa la fa alzare dal letto la mat­tina?
L’amore per i miei cari, il ris­petto e il rin­gra­zia­mento per la vita e la voglia di vivere nuove esperienze.

Che ne è stato dei suoi sogni di bam­bino?
Alcuni rea­liz­zati ad esem­pio aver for­mato una fami­glia, conti­nuare a dedi­carmi alle mie pas­sioni, foto­gra­fia e chi­tarra, e pochi in fase di rea­liz­za­zione… altri chissà …

A che cosa ha rinun­ciato?
A fare l’insegnante di inglese o geo­gra­fia, che forse sarebbe stato il lavoro più giusto per me.

Da dove viene?
Vengo da Reg­gio Emi­lia, una pic­cola città dell’Italia del nord, abi­tata da gente espan­siva, tenace e pro­dut­tiva, culla del for­mag­gio Par­mi­giano Reg­giano e del pros­ciutto e, non dimen­ti­chia­molo, da diversi anni sede del Fes­ti­val di Foto­gra­fia Europea.

Quale à la prima “image” che ha col­pita i suoi emo­zioni ?
Gli affres­chi della chiesa che fre­quen­tavo con i miei geni­tori da bam­bino; ricordo che rima­nevo spesso a naso all’insù ad ammi­rare i volti che raf­fi­gu­ra­vano Santi e per­sone delle Sacre Scritture.

E il primo libro ?
San­do­kan di Emi­lio Sal­gari, ma anche Senza Fami­glia di Hec­tor Malot

Come puo par­lare della sua visione del corpo ?
Ho un grande ris­petto per il corpo, per la sua per­fe­zione e deli­ca­tezza. Sono sempre affas­ci­nato dalle raf­fi­gu­ra­zioni che ven­gono date dagli artisti della per­sona umana, pit­tori, scul­tori, fotografi…Ricordo, ad esem­pio, di essermi fer­mato tanto tempo, diversi anni fa, ad ammi­rare la For­na­rina di Raf­faello a Roma.

Ha chi non ha mai osata scri­vere ?
Sono molto leale ed espan­sivo, per cui soli­ta­mente cerco di dire tutto quello che sento alle per­sone che mi cir­con­dano, cer­cando di non las­ciare niente “ in sos­peso” con nes­suno; forse avrei potuto scri­vere al mio maes­tro delle scuole ele­men­tari che mi ha inse­gnato tanto e non l’ho mai rin­gra­ziato per quanto a dato a noi suoi allievi.

Che cosa la contrad­dis­tingue dagli altri foto­grafi ?
Scatto foto a tutto ciò che mi emo­ziona; ho la neces­sità di ricor­dare tra­mite le foto tutti i posti che vedo ed anche le per­sone che incon­tro, quando posso…
Io suono anche la chi­tarra e trovo molto impor­tante, dopo lo stu­dio, avere la pos­si­bi­lità di condi­vi­dere i pezzi con il pub­blico; ho la stessa neces­sità di fare ciò con la foto­gra­fia, voglio condi­vi­dere le mie imma­gini con per­sone che pos­sano giu­di­care le foto, spesso rega­lando loro i ritratti che le rap­pre­sen­tano. Pro­prio qualche anno fa ho foto­gra­fato moto­ci­clisti a fianco delle loro moto, rega­lando a tutti loro i ritratti esposti.

Dove e come lavora?
Sono un ban­ca­rio e lavoro nelle col­line in un paese a circa 30 km dalla mia città; cerco di por­tare uma­nità ad un lavoro a mio parere “freddo” e molto razionale.

Qual è il libro che le pia­ce­rebbe rileg­gere?
“L’amico ritro­vato” di Fred Uhl­man oppure Gli amori dif­fi­cili di Italo Cal­vino, ma pre­fe­risco leg­gere sempre qual­cosa di nuovo. Sul como­dino ho il pros­simo: Delitto e cas­tigo di Dos­toevs­kij.
Amo tanto George Simenon.

Quando si guarda nello spec­chio chi vede ?
Una per­sona che cri­tico spesso, per­ché potrebbe fare sempre di meglio.

Quali sono gli artisti a cui si sente più vicino?
Pur­troppo non ho avuto studi clas­sici, ho fatto studi di conta­bi­lità e di bilanci; sono però sempre stato attratto dall’arte e ho sempre cer­cato di infor­marmi e visi­tare mostre di qual­siasi artista, di qual­siasi epoca e genere.
Amo i clas­sici, ho par­lato prima di Raf­faello, ma posso ricor­dare Tiziano, Cara­vag­gio, Rem­brandt e Van Gogh, oppure Monet e Tur­ner o Mon­drian e Magritte. Ricordo anche il mio conter­ra­neo Anto­nio Liga­bue.
Se passo ai foto­grafi ricordo Cartier-Bresson, David Bai­ley, Doro­thea Lange, Mar­ga­ret Bourke White, Robert Frank e Bras­sai con le sue splen­dide foto not­turne di Parigi.
Ma anche Wal­ker Evans e Vivian Maier; mi ha col­pito, di quest’ultima,vedere i nega­tivi delle sue foto, nei quali ho tro­vato foto molto inter­es­santi che si sus­se­gui­vano uno scatto dopo l’altro, senza scarti tra una foto e l’altra…
Fra gli ita­liani Gianni Berengo Gar­din e Fer­di­nando Scianna, Fran­cesco Zizola e Alex Majoli.

Che cosa vor­rebbe rice­vere per il suo com­pleanno?
Un libro

Che cosa difende?
La libertà e il ris­petto per l’altro.

Che cosa le ispira la frase di Lacan “L’Amore è dare qual­cosa che non si ha a chi non non ne vuol sapere”?
Mi fa pen­sare che si debba dare tutto il pos­si­bile e forse l’impossibile, cioè non il super­fluo, a chi ci sta intorno, ma che spesso potrebbe non essere capito dalla per­sona che riceve tutto ciò: l’importante però è darlo e non stan­carsi di farlo.

E che cosa pensa di questa frase di W. Allen: “la ris­posa è si’, ma qual era la domanda?“
Da ragazzo ragio­navo spesso così, cioè dicevo si senza pen­sar tanto alla domanda. Diven­tando grande sono diven­tato più rifles­sivo e ho iniziato a dire anche no…

Che domanda ho sba­gliato ?
La richiesta di assun­zione in banca.…ahahah!

1 Comment

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One Response to Paolo Pelosi Bonini (Mind the gap !) : faire sauter la banque (des images) — entretien

  1. Enzo Crispino

    All the huma­nity and humi­lity of a good per­son shines through in these ans­wers…
    Enzo Crispino.

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