Après un premier diptyque, Thierry Gloris et Jacques Lamontagne poursuivent les aventures de leur duo de héros, à savoir Martha Jane Cannary et Wild Bill Hickok. La première, après le meurtre de son époux, n’a qu’une idée en tête, se venger de l’assassin. Les parcours des deux protagonistes vont se rejoindre dans des circonstances qui les obligeront à différer leur ultime combat.
C’est dans le Nebraska, en direction de Scottsbluff que Charlie Utter, à la tête d’une caravane, recueille une femme qui erre dans ces montagnes enneigées. Arrivé en ville, il la fait soigner. Le médecin pense qu’elle se remettra vite mais qu’elle vient de perdre un bébé. À son réveil, comprenant sa situation, elle hurle que Bill a détruit sa vie.
Sur le chantier du chemin de fer, Hickok, le responsable de la sécurité, a fort à faire. Et cela risque d’empirer quand, pour augmenter l’attractivité et pallier au manque de main-d’œuvre qui cause tant de retards et de pertes financières, un conseiller du patron pense à augmenter le nombre des bordels, débits de boissons et tables de jeux.
Un trappeur découvre un homme nu, éventré, adossé à un arbre, une flèche dans l’œil, le sexe tranché dans la bouche. Hickok, prévenu, subodore des emmerdes.
La femme recueillie par Charlie est Jolie Calamité. Elle pleure Beau Cerf, son époux indien, accusant Bill de l’avoir tué. Et le passé revient. Elle se remet à la boisson avec toutes les conséquences induites…
Le scénariste fait revivre une conquête de l’Ouest américain avec les grands thèmes du genre, à savoir l’avancée des colons, l’arrivée d’un progrès technologique avec des individus qui n’ont pas évolué et reste dans un climat de violences. Il inscrit la situation des anciens esclaves devenus des travailleurs libres avec, cependant, des restrictions. Il fait de Martha, qui deviendra Calamity Jane dans des conditions que les auteurs font découvrir, une pionnière dans la condition féminine de l’époque en ces lieux. Il mêle un mystérieux tueur qui s’en prend de façon barbare à des individus en essayant de détourner la faute sur une communauté. De nouveaux personnages font leur entrée, intéressants à suivre pour les aspects tant humains que sociologiques qu’ils apportent.
Et le graphisme, dessin et couleurs de Jacques Lamontagne, sublime le récit. Avec un traitement réaliste du sujet, il met en images un univers aussi vrai que nature. Son souci du détail fait merveille et les décors comme les protagonistes sont magnifiquement présentés.
Ce troisième tome, premier volet d’un nouveau diptyque, présente avec un réalisme cru ce que fut sans doute cette conquête territoriale à travers le parcours d’un duo qui a laissé des traces dans l’Histoire. C’est un superbe récit tant pour le scénario que pour des planches d’une grande beauté. Un quatrième tome, La boue et le sang est annoncé. Une très bonne nouvelle !
serge perraud
Thierry Gloris (scénario) & Jacques Lamontagne (dessin et couleurs), Wild West – t.03 : Scalps en série, Dupuis, mars 2022, 48 p. – 14,50 €.