C’est à 17 ans que Ferdinando Scianna a commencé à prendre des photos de la Sicile car comme il l’écrit “la Sicile était là”. Depuis, il n’a eu cesse de la photographier pour comprendre ce que signifie être sicilien.
“Être sicilien et partir est synonyme depuis des siècles.” écrit-il encore et d’ajouter : “Nous essayons d’oublier la Sicile en nous lançant dans le questionnement et l’exploration du monde pour découvrir que le regard que nous portons sur le monde est sans équivoque celui de nos yeux siciliens.”
Même lorsqu’il quitta son pays d’origine — entre autres en tant que photographe de mode — il reste reporter du réel et tout le ramène à son origine par et pour la beauté des femmes qu’il photographie.
Dans ce cas comme dans tout son travail, certains clichés sont pris pour un projet précis et narratif, d’autres naissent d’un pur choc émotif que l’artiste retient dans une obsession insensée autant que nécessaire.
Pour Scianna, les images montrent ce que les mots même les plus profonds ne retiennent pas. Chaque prise devient un morceau de temps et d’espace partagé qui nous dit : souviens toi. Et au besoin, un tel photographe montre ce que nous ne voulons ou que nous n’osons pas regarder. Dans ce dernier cas, lorsqu’il s’agit des corps de femmes.
Méduse ou Mélusine, elles fascinent l’illusionniste qui, par elles, ajoute un quotient supplémentaire à la réalité.
Bref, les égéries — mannequins ou passantes — en restent la plus sûre des magies.
jean-paul gavard-perret
Ferdinando Scianna, Viaggio, Racconto, Memoria, Palazzo Reale, Milan jusqu’au 5 juin 2022.