Olivier Bocquet & Brice Cossu, FRNCK – t.08 : “Exode”

…vers une fin de cycle en feu d’artifice ?

Avec une idée de départ fort ori­gi­nale, Oli­vier Boc­quet conti­nue de sur­prendre par sa capa­cité à faire rebon­dir son récit, mul­ti­pliant les pistes et les pro­ta­go­nistes, peu­plant sa Pré­his­toire d’une belle gale­rie de per­son­nages, rete­nant tous l’attention. Il joue avec une maî­trise peu com­mune avec plu­sieurs par­cours, avec des déca­lages tem­po­rels et des dis­tor­sions spa­tiales et déroule une his­toire attrac­tive.
Peu éco­nome de péri­pé­ties et coups de théâtre, il mul­ti­plie des retour­ne­ments de situa­tions tout en gar­dant une belle cohé­sion. Les dia­logues, hauts en cou­leurs, sont percutants.

Une femme et un homme se pré­sentent devant une porte de garage condam­née par des ban­deaux uti­li­sés pour iden­ti­fier une scène de crime. Ils passent outre pour réveiller deux indi­vi­dus. Le couple est là pour recou­vrer, au nom d’une banque, les dettes des deux gar­çons. Sur­vient alors, en moto, une jeune femme noire qui pro­pose de régler leurs arrié­rées mal­gré la somme impor­tante.
C’est Anou­kis qui vient ren­con­trer ceux qui vont inven­ter, dans quelques qua­rante ans, le smart­phone. Elle les presse de le réa­li­ser au plus vite pour aller dans la Pré­his­toire, sui­vant, en cela, l’exemple de Franck.

Quelques années plus tard un couple est dans un orphe­li­nat pour adop­ter un ado­les­cent un peu tur­bu­lent. Mais devant ses exploits, ils reculent. Or, il s’agit des détec­tives pri­vés embau­chés par Anou­kis pour retrou­ver Franck à qui elle veut abso­lu­ment par­ler avant son saut dans le passé.
C’est tout ce qu’elle raconte à Fran­cisco, l’amour de sa vie qui avait bas­culé dans la Pré­his­toire quelques décen­nies avant elle. Mais, avec l’appareil qu’elle a emporté, elle déter­mine la date pré­cise où ils se situent. C’est celle d’une ter­rible catas­trophe. Il faut fuir. Mais où ? Et n’est-il pas trop tard ?

Bocquet égaie son récit avec un humour débridé, bon enfant, mul­ti­plie les facé­ties où s’entremêlent ten­dresse, iro­nie et malice tout en por­tant un regard acéré sur les tra­vers de notre société. Il dénonce l’absence de dignité humaine quand il fait don­ner l’ordre, par un per­son­nage, de poser une option, de réser­ver le gamin en vue de son adop­tion comme on peut le faire pour un objet.
Le scé­na­riste intègre la légende des créa­teurs d’Apple dans leur garage, la fuite d’Égypte sous la conduite de Moïse, l’extinction des dino­saures… Il croise nombre de faits socié­taux s’amusant à les défor­mer pour le meilleur angle cocasse.

Brice Cossu qui assure le gra­phisme depuis le pre­mier tome offre encore et tou­jours un trait élé­gant, des des­sins oscil­lant entre réa­lisme et cari­ca­ture. Il pri­vi­lé­gie les regards et offre des per­son­nages à la ges­tuelle remar­quable, des décors qui attirent l’œil, mul­ti­plie les détails et met en valeur les gags visuels. Yoann Guillo, par ses cou­leurs soi­gnées, assure la cohé­sion de la série.
Avant-dernier tome annoncé (mais les auteurs n’ont-ils pas encore des réserves ?), on ne peut que saluer cette série qui, loin de s’essouffler, fait croître l’intérêt d’album en album par la diver­sité de son scé­na­rio et par ce gra­phisme qui réjouit le regard.

serge per­raud

Oli­vier Boc­quet (scé­na­rio), Brice Cossu (des­sin) & Yoann Guillo (cou­leurs), FRNCK – t.08 : Exode, avril 2022, 56 p. – 11,50 €.

Leave a Comment

Filed under Bande dessinée

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>