Dans son “opéra cosmique”, Tristan en dix vagues (voire plus) nous fait divaguer entre divers cauchemars et catastrophes et sortir de l’ordre de la raison par la prolifération de certaines folies humaines.
La pyramide de langage s’inverse dans les rapports incantatoires que l’auteure instaure entre langage et sens.
La langue n’enferme plus, elle est libératrice là où, “des quarts de jambe entre les bras”, la viande du corps et des mots sourit et ce, en un “carnage des cimes” loin de la réification du langage.
Il s’agit de passer des larmes à l’ire et au rire par d’étranges effets de coups de lyre.
C’est jouissif à tous les sens du terme et élimine toute banalité d’usage là où l’affection n’est pas forcément conforme à ce que nous attendons.
En absence de vertu cardinale, le chant devient une étrange prédication.
Le corps féminin s’y joue des “singes” et c’est une manière de faire dériver l’état amoureux pour le rectifier.
Tout ici devient une suite de tourmentes où le plus grand coup de foudre est celui de la langue.
jean-paul gavard-perret
Tristan Félix, Rêve ou Crève, Editions Tinbad, Paris, 5 mai 2022, 118 p. — 15,00 €.