Bernard Peyrous & Sylvie Bernay, Les crises de l’Eglise. Ce qu’elles nous enseignent

L’Eglise, ses crises et sa permanence

L’Eglise catho­lique tra­verse depuis plu­sieurs décen­nies une crise ter­rible dont d’aucuns se demandent si elle y sur­vi­vra, tan­dis que d’autres pré­parent déjà son enter­re­ment en grande pompe. En vérité, ces pro­phètes de mal­heur en ignorent l’histoire bimil­lé­naire, et on ne peut que leur conseiller la lec­ture du livre du Ber­nard Pey­rous et de Syl­vie Ber­nay.
Ils y appren­dront beau­coup sur les mul­tiples cries tra­ver­sées par l’institution, sur ses capa­ci­tés à se réfor­mer et à se sau­ver de ses enne­mis quand ce n’est pas de ses propres péchés mortels.

Dès ses débuts, l’Eglise fut secouée par une crise vio­lente autour de la ques­tion fon­da­men­tale du bap­tême des païens. Cette situa­tion ne cessa jamais : mau­vais papes, domi­na­tion des pou­voirs tem­po­rels, héré­sies de tous poils, irrup­tion du pro­tes­tan­tisme, offen­sive des Lumières, vio­lences révo­lu­tion­naires, idéo­lo­gies tota­li­taires, déchris­tia­ni­sa­tion accé­lé­rée de l’Occident, hor­reurs pédo­philes.
Rien ne semble man­quer à cette triste lita­nie, et les deux auteurs, d’une culture très vaste et d’une remar­quable maî­trise de l’histoire de l’Église, en ana­lysent tous les res­sorts sans aucun tabou mais sans ani­mo­sité aucune pour l’institution.

Plus d’une de ces crises aurait pu empor­ter l’Eglise.  A chaque fois, elle sut se réta­blir, en recou­rant au pou­voir sta­bi­li­sa­teur et réfor­ma­teur des Empe­reurs, en se dotant de pon­tifes de grande enver­gure, en sachant se réfor­mer en pro­fon­deur en refu­sant les com­pro­mis­sions avec les pro­tes­tants, en for­mant de saints prêtres et de pieux évêques, en pui­sant dans son trou­peau les fidèles capables de tenir la barque, et tout sim­ple­ment en gar­dant l’espérance. C’est cela qu’enseignent les crises et ce livre : cette capa­cité hors du com­mun — sur­hu­maine ? — à défi­nir le mal qui ronge l’institution et à trou­ver le bon remède.

Les crises conti­nue­ront car tou­jours sub­sis­tera cette ten­ta­tion ter­rible de s’adapter au monde, d’épouser le monde, de le suivre. La crise actuelle est d’une gra­vité extrême, et les auteurs ne le cachent pas. Vati­can II, selon eux, n’en consti­tue pas l’origine, qu’il faut recher­cher dans les pro­fon­deurs du pre­mier XXème siècle et dans la mau­vaise appli­ca­tion des déci­sions du Concile par les médias et les clercs qui, en la matière, ont une res­pon­sa­bi­lité dont on doit sans cesse rap­pe­ler la gra­vité.
Et c’est pré­ci­sé­ment dans la figure du prêtre, dans la plé­ni­tude d’un sacer­doce res­tauré que la solu­tion se trouve.

Alors espé­rons ! Et confions ce livre aux plus jeunes afin de les culti­ver, de les édi­fier et de les rassurer.

fre­de­ric le moal

Ber­nard Pey­rous & Syl­vie Ber­nay, Les crises de l’Eglise. Ce qu’elles nous enseignent, Artège, mars 2022, 295 p.  — 20,00 €.

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