Cette exposition (accompagnée d’un ouvrage chez Filigranes) ouvre d’une certaine manière les Rencontres Photographiques d’Arles 2022. Une centaine de photographies de Plossu — en majorité inédites — des années70 à 2017 sont présentées.
Se retrouvent les clichés aux tirages mats au charbon propre à un rendu délavé, granuleux, doux et presque poudré qui fait la signature du photographe.
Est présente aussi la couleur à travers un procédé pigmentaire particulier, “le tirage Fresson,” découvert en 1967. Cette exposition qui se développe selon trois thématiques (“paysages et vedute”, “Plossu et le procédé Fresson”, “Rome”) devient la suite du travail autour de la thématique de la montagne Sainte Victoire qui avait donné lieu à l’exposition La Montagne blanche au musée Granet en 2012.
Est joint à cet ensemble une soixantaine de lavis, aquarelles et dessins de différentes vues de Rome et de ses alentours réalisées par le peintre d’Aix, François-Marius Granet (1775–1849). Les deux artistes cultivent le même attrait pour Rome et l’Italie et des paysages suspendus dans le temps. Les villes ou les campagnes sont empreintes de solitude à travers les ombres des lavis de Granet et de la photographie argentique de Plossu.
Ses cadrages évoquent la force de ce thème classique qui devient un archétype à travers les siècles
Les paysages surgissent de la pénombre afin de toucher quelque chose de fondamental. Ils se découvrent en des images primitives et sourdes, en une “chair” plate, blanche, noire et ses dégradés de gris.
Bernard Plossu n’oublie pas que l’image vient d’en-bas, à savoir de la façon dont les pieds sont posés sur le sol ou de la façon dont l’homme est assis.
jean-paul gavard-perret
Bernard Plossu, Plossu–Granet : Italia Discreta, Musée Granet, Aix en Provence, du 29 avril au 28 août 2022.