Critique et historienne de l’art, Amélie Pironneau propose une histoire de la peinture française des quarante dernières années. Et ce, selon un axe précis, à savoir “un trajet à rebours d’une histoire à laquelle avait été donnée une direction unique, dont la peinture était exclue”.
Elle oriente son propos vers un retour à une peinture-peinture sans pour autant choisir une position frileuse de retour en arrière nostalgique.
L’auteure rappelle que l’époque de changement de millénaire a marqué ce virage. Elle signale à ce propos quelques expositions-phares comme “Urgent Painting” en 2002, au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris ou “Cher Peintre” la même année au Musée National d’Art Moderne.
Elles ont remis en scène un acte d’affrontement face au tableau avec les moyens “classiques” de la pratique picturale.
Évoquer ce retour ne veut pas dire pour autant que la peinture avait disparu. L’histoire a perduré. Mais cette nouvelle effervescence représente une prise de conscience, de la part des institutions culturelles, d’un retard dans la défense de la peinture qui n’avait fait l’objet d’aucune exclusion en Europe et aux États-Unis.
C’est une manière de redorer le blason d’artistes sinon oubliés du moins laissés en marge du récit officiel de l’art dont Alberola, Buraglio, Cane, Corpet, Cognée, Dezeuze, Desgrandchamps, Garouste, Pincemin ou Viallat entre autres.
L’historienne d’art revivifie ainsi une pratique picturale étouffée par le minimalisme et l’art conceptuel. Son texte n’a rien d’arrogant et de bredouilleur.
Tout est clair et si une telle approche a demandé beaucoup de travail, cela ne se sent pas tant cette traversée devient une forme habile de balade circonstanciée.
Le livre crée un miroir ou si l’on préfère l’image des images que beaucoup semblaient avoir refusé de valider même s’il existait là une erreur de fond ou de surface.
Le livre prouve qu’une peinture considérée comme impossible peut toujours triompher.
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jean-paul gavard-perret
Amélie Pironneau, La Peinture en France, 1968–2000. Les années de crise, Archobook édition, 2008, 128 p. — 22,00 €.
Si le critique de la critique le dit … faut croire au transit de Garouste , Pincemin ou Viallat etc .