Sophie Djorkaeff nous fait partager l’instant d’après l’amour. Celui du temps où tout se délite, où la conscience à la fois est suractivée mais aussi annihilée.
Il s’agit de réinventer une marche à suivre pour reprendre le fil des pensées et leur offrir un nouvel aiguillage.
Tout est dit ici avec lucidité et sans ambages pour recouvrer la liberté puisque celle que pouvait offrir l’amour a échoué. Il s’agit par l’état de poésie de récupérer une disponibilité au présent.
D’où cette poétique de l’instant qui implique d’être tout entier présent au monde, dans ses manifestations les plus diverses, les plus inattendues mais aussi les plus simples.
Une fois l’orage passé, l’adhésion entre l’être et le monde implique donc une durée et l’espace où ils se rejoignent.
L’auteure cesse de renoncer à son ancienne grille de lecture et à son savoir puisqu’ils n’étaient pas les “bons”.
Il convient de s’abandonner au temps présent où la raison et son ordre ne font plus défaut et où surgit la mise en bride de ce que l’imaginaire ancre sur le réel dans le dépit.
Bref, il faut réapprendre à vivre et retrouver un sentiment de plénitude, d’harmonie et d’appartenance.
Une part du monde doit entrer chez la trahie pour que transfuse en elle une nouvelle peau et un coeur nouveau.
jean-paul gavard-perret
Sophie Djorkaeff, Le moment du réveil, Atelier de l’agneau, coll. 25, St-Quentin-de-Caplong, mars 2022, 98 p. — 18,00 €.