Averno détermine à la fois un petit lac des environs de Naples mais aussi l’entrée des Enfers.
Et ce titre et ce lieu permettent à Louise Glück, de s’interroger sur la mort, l’amour, le désir, la solitude, les souvenirs.
Dans cet ouvrage en deux parties, “Perséphone l’errante” a la part belle. En quelque sorte, elle lui donne le “La”.
Car la fille de Déméter et de Zeus — dont le viol et l’enlèvement, puis le retour à la vie, ont marqué la Terre à jamais — instaure le cycle du temps qui passe mais aussi qui revient au fil des saisons.
En automne, le personnage mythique s’en va retrouver Hadès son époux aux Enfers tandis que le mauvais temps s’installe sur Terre et fait geler le lac.
Au printemps, elle revient au monde en refranchissant la séparation de la Terre et du royaume des ombres.
Toutefois, derrière le mythe et sa vie à l’envers, transparaît le quotidien des jours. Ce qui permet de chercher ce qu’il existe en nous d’une telle héroïne. Elle représente de fait l’art, la nature, la sentiment d’existence, sa disparition et sa reprise.
D’où cette interrogation à la fois sur la vie et le fait d’avoir un jour à la quitter — mais sans retour.
Du moins sans doute — même si Louise Glück laisse ouverte une telle question. Surgissent une énergie vitale et le souffle de la nature.
Et la poétesse en conséquence revient sur le principe premier de l’existence et de sa disparition quand le corps et l’âme se sépare.
feuilleter le livre
jean-paul gavard-perret
Louise Glück, Averno, édition bilingue, poèmes, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Marie Olivier, Gallimard, coll. « Du Monde entier », 2022, 176 p. — 19,00 €.