Jean-Guy Coulange, Sillon

Une fenêtre sur la mer

Fasciné par les sur­faces aqua­tiques, Jean-Guy Cou­lange fait de ses pho­tos et de son texte les miroirs des eaux de la mer qui caressent les berges. C’est pour­quoi dans ce livre ce miroir se creuse par effet de sillons jusqu’à deve­nir “Le Sillon”.
Cet ouvrage en est un des trois espaces d’écriture puisqu’il s’accompagne d’une créa­tion radio­pho­nique et d’une exposition

Les pho­to­gra­phies créent une pic­tu­ra­lité par tout ce que le créa­teur agite et ajoute par divers types de retouches numé­riques, couches de cou­leurs, sur­li­gnages. Tout cela est repris de manière plus abs­traite dans les aqua­relles. Quant au texte il devient le pré­lude puis l’approfondissement d’une telle approche.
Sur la digue de Saint Malo se dévoile — au fil du temps — le pas­sage autant de diverses intem­pé­ries que des flâ­neurs d’une telle rive.

Jean-Guy Cou­lange devient “le gar­dien de phares de ces flots” de mer qui ren­voient à des pay­sages inté­rieurs voire dis­crè­te­ment inti­mistes. Ces ensembles créent en le choix des prises et leurs colo­ra­tions “une arène, un lieu de per­di­tion” et bien d’autres choses encore.
Par de telles pro­me­nades et média­tions se déve­loppe un chant fan­tas­ma­go­rique d’espaces et de pré­sences humaines qui deviennent des tex­tures. Elles ramènent à ce qui est cher à l’auteur : la musique — entre autres celle du “Lon­tano” de Ligeti que les strates du poète et artiste rappellent.

Textes et images se répondent et ser­pentent en ce qui res­semble autant à la réa­lité qu’à un songe. Les méandres créés par la nature épousent ceux des êtres mais aussi de la pen­sée là où l’espace est par­couru de pro­me­neurs concen­trés sur leurs acti­vi­tés non­cha­lantes.
Si bien que les per­son­nages de Gia­co­metti ne sont jamais loin.

La marée semble ici basse. Tout ruis­selle en sillons de matières et de cou­leurs dans des plans géné­raux et par­fois plus rap­pro­chés. La poé­sie joue à plein dans des chan­ge­ments d’optique ou de cou­leurs. Le jour se lève ou décroît. Les formes appa­raissent, dis­pa­raissent.
Bref, le pay­sage ne cesse de chan­ger en des lignes d’eau sépa­rées par des bancs de sable sous un ciel vert ou nocturne.

Texte et images fas­cinent : les sen­sa­tions émises par un tel livre jouent sur le cla­vier des sens.

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jean-paul gavard-perret

Jean-Guy Cou­lange, Sillon, Edi­tions JGC et Le Vil­lage, Les Presses du Réel, Paris, 2022, 64 p. — 15,00 €.
L’exposition aura lieu au Séma­phore de la Pointe du Grouin, du 12 juillet au 26 aout 2022.

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