Le roman de Pinar Selek peut se lire de deux façons.
A la manière d’un livre de lutte et d’engagement féminin et féministe. Mais c’est aussi une fiction délirante des plus subversives.
Et celle qui a connu - avant d’obtenir la nationalité française — la prison en Turquie poursuit par la fiction son chant pour la défense des opprimés et des marginaux. Azuneca est sans doute par plusieurs traits — non seulement physiques — Pinar Selek elle-même.
On la retrouve à Nice comme dans le train bleu au milieu de groupes plus ou moins informels distributeurs de divers type de graines entre Nice et Paris. Sans oublier Lyon un temps occulté.
Avec les Paranos comme avec Luna elle fait un certain ménage contre les conditions d’opprimés. Elle exfiltre jusqu’à des chiens victimes de maîtres autoritaires. Mais au sein de tels fous, il en existe de plus doux qui ont conscience de leurs idéaux liés à la couleur de leur peau ou à leur condition sociale de déclassés.
Ils forment une fourmilière obstinée et souvent invisible ou plutôt ignorée. Mais la fiction avance et son langage espère faire lever un nouveau monde.
Il y a fort à parier que s’amorce une fête ou sa possibilité.
jean-paul gavard-perret
Pinar Selek, Azuneca ou les fourmis zinzines, Des femmes — Antoinette Fouque, Paris, 2022, 224 p. — 14,00 €.