Quoique non Reine des Neiges, Elsa est une romantique qui toutefois n’ignore pas que le chas des rêves est des plus étroits.
Elle est donc lyrique à sa manière, à savoir sans grandes orgues ou effets de piston.
Parfois, son abandon a pu être total. Mais cela l’a obligée ensuite à “sourire dans la peine”, ce qui n’exclut pas la lucidité. Bien au contraire. Et celle qui se dit “Mi-claire, mi-noire” d’ajouter : “Aujourd’hui une nouvelle peau m’habille, elle est celle qui me convient parfaitement et si elle doit briller / malgré les expériences de perte, c’est par tout ça et elle même — qu’elle existe.“
Et ce, à travers la symbolique du deuil, des deuils mais aussi de ce qui les a précédés.
Une telle oeuvre n’est donc jamais superficielle même si parfois la chanson est bien douce et s’accroche aux émotions les plus simples au nom des femmes et des mères.
Le titre lui-même est un hommage envers elles puisqu’il s’agit d’un symbole majeur de l’imaginaire féminin.
C’est pourquoi avec Lunes s’entame l’exploration d’espaces intimes et prégnants discrètement sensuels, “au bout des feuilles , au bout des oreilles” et partout où ça froufroute et bruisse.
Sans usage de la démesure, l’auteure crée de nouvelles visions doublées des syllabes visuelles de ses dessins.
Ici, le temps du poème ne peut pas être un automne, une trêve ou une nuit sinon celle que la lune pénètre pour l’illuminer.
Cela, afin que les instants d’après ne soient pas qu’un jeu de l’éphémère et que, si besoin, l’amour soit remis à neuf.
jean-paul gavard-perret
Elsa Cha, Lunes, Atelier AOl, Montreuil sous Bois, Mars 2022, non paginé.