Poésie de l’immanence surfaite
Flora Bonfanti née à Rio de Janeiro, après des études de lettres, d’art et de philosophie au Brésil et à Paris se forme au théâtre à Tel Aviv. De double nationalité brésilienne et italienne, elle s’installe en France et développe un projet littéraire à la croisée de la poésie et de la pensée, de l’imaginaire et de la rhétorique.
Néanmoins, cette poésie de l’immanence reste surfaite.
S’y retrouvent bien des accroches que connaissent les poètes rhéteurs pour peu qu’ils soient d’astucieux faiseurs.
Cette Prolifération veut rendre compte d’un “état désordonné de l’esprit où les choses qui ne se valent pas coexistent”. C’est certainement ambitieux et ingénieux mais en découlent bon nombre de spéculations pour le moins hasardeuses et qui ne mangent pas de pain.
Un théâtre de mots — sous prétexte de pousser la vérité — cultive une suite d’effets. Par exemple : “quelle belle fable que l’amour ne puisse mourir d’une mort naturelle”. C’est sans doute brillant.
Mais la poésie reste de l’ordre d’un spectacle poétique, propose un certain cinéma zen en des manigances de — et entre autres — postures amoureuses.
L’introspection devient un cabinet de curiosité où une forme de mysticisme à bon dos et aux épaules larges pour féconder par effet de gangues ramassées (d’ailleurs plutôt réussies) une série d’hypothèses dont l’intérêt demeure relatif .
L’orchestration est habile et parfois le filtre de mémoire réussit — en une certaine sécheresse — une manière de sauver ce qui peut l’être même si, il faut bien le reconnaître, l’ensemble manque de profondeur.
La théâtralité d’un tel propos philosophique ne produit toutefois pas grand chose sur le vivant même si l’ensemble reste d’une parfaite bienséance poétique.
jean-paul gavard-perret
Flora Bonfanti, Prolifération, Unes, Nice , 2022, 72 p. — 16,00 €.