L’imagination du metteur en scène, pour une fois, se laisse brider par le cadre limité qu’il se donne
Des bruits de forêt, quelques coups frappés sur du bois donnent la tonalité du spectacle. On voit la petite fille dans la difficile simplicité des rapports avec sa maman. Celle-ci se déplace, pieds nus sur la pointe des pieds ; le pas de ses talons, rendu sonore par un bruitage exagéré, rend le rythme trépidant de son affairement quotidien. Comme il se doit, la continuité de l’histoire repose sur le narrateur : détaché, observateur, ironique. Les musiques et les lumières élaborent une ambiance soignée, mais d’expression franche et sans ambages. Joël Pommerat revisite un classique, introduit des éléments : outre la personnalisation de la mère, l’amitié avec le loup, la mise en boucle, à terme, du propos. Il donne à voir des fantasmes. Le conte présente le voyage vers la demeure de la grand-mère comme une démarche initiatique. Le jeu avec son ombre, la tentation d’affronter ses peurs, tout cela constitue un beau moment de poésie existentielle. La petite fille apprivoise un loup simulateur, calculateur et pourtant peu stratège. L’argument est ensuite dramatisé par les musiques graves et suggestives. Une belle fable sur le temps, le renouvellement des générations, la perpétuation des craintes et des mystères. On regrettera la brièveté du propos et l’importance trop grande du narrateur, qui ne s’efface que lors des apparitions du loup qu’il incarne. Comme si l’imagination du metteur en scène, pour une fois, s’était laissé brider par le cadre limité qu’il s’est donné.
christophe giolito
Le Petit chaperon rouge
de Joël Pommerat
mise en scène Joël Pommerat
Avec : Murielle Martinelli, Ludovic Molière, Isabelle Rivoal, Valérie Vinci
Assistant(e) à la mise en scène : Philippe Carbonneaux ;
Scénographie et costumes : Marguerite Bordat ;
Scénographie et création lumière : Eric Soyer ;
Création et implantation son : François Leymarie ;
Création et régie son : Grégoire Leymarie ;
Suivi de la réalisation scénographique : Thomas Ramon ;
Aide à la documentation : Evelyne Pommerat ;
Régie son : Valerie Bajcsa ou Antoine Bourgain ;
Régie lumières : Cyril Cottet ou Jean-Gabriel Valot ;
Direction technique : Emmanuel Abate
A la Maison des métallos 01 48 05 88 27
94, rue Jean-Pierre Timbaud, 75011 Paris
http://www.maisondesmetallos.org/2013/03/12/le-petit-chaperon-rouge
Du 17 avril au 5 mai,
le mardi 23 avril à 20h ; les mercredis 17 et 24 avril à 14h30 ;les jeudis 18, 25 avril et 2 mai à 14h30 et 20h ; les vendredis 19, 26 avril et 3 mai à 20h ; les samedis 20, 27 avril et 4 mai à 19h ; les dimanches 21, 28 avril et 5 mai à 16h.
Relâches les lundis, le mardi 30 avril et le mercredi 1er mai.
Production : Compagnie Louis Brouillard
Coproduction : Nouvel Olympia
Le texte de la pièce est paru aux éditions Actes Sud Papiers en 2005