Jean Pleyers & Néjib, Jhen — t.19 : “Jeanne des Armoises”

A–t-elle échappé au bûcher ?

La figure de Jeanne d’Arc reste celle d’une héroïne deve­nue légen­daire. À son époque, les usur­pa­tions d’identité ne sont pas rares. Il est cer­tain que son exemple a pu ame­ner quelques femmes à se décla­rer être la Pucelle.
Une des plus fameuses est Claude du Lis qui est “recon­nue” par de nom­breuses per­sonnes ayant côtoyé Jeanne. Après quelques frasques, elle épouse Robert des Armoises et repart sur les che­mins.

S
’ins­pi­rant de ce per­son­nage, Jean Pleyers conçoit une intrigue où il mêle un secret royal, des filia­tions incer­taines, implique des hauts per­son­nages authen­tiques, le héros de la série, des acteurs de fic­tion déjà croi­sés dans des épi­sodes pré­cé­dents et de très nom­breux com­bats.
Il livre, ainsi, un récit tonique, mul­ti­pliant les péri­pé­ties, les coups de théâtre, entre­mê­lant avec adresse l’action de tous ces intervenants.

Au prin­temps 1439, Gilles de Rais donne la chasse à une troupe errante de bri­gands menée par un cava­lier por­tant une fleur de lys, l’emblème royal.
Alors que les guer­riers de Gilles triomphent, trois cava­liers fuient. Des sol­dats se lancent à leur pour­suite, mais, ils ont affaire à un véri­table démon. Gilles rejoint et défie le guer­rier impé­tueux. Pro­fi­tant de la fatigue de son adver­saire, il lui porte une esto­cade qui le couche, estourbi. Lorsqu’il enlève son heaume, il recon­naît Jeanne. Elle bal­bu­tie, avant de s’évanouir qu’elle est pour­sui­vie par Vil­lan­drando, le chef d’une troupe d’écorcheurs, et qu’il doit lui res­ti­tuer le par­che­min pour l’empêcher de tom­ber dans les mains du brigand.

Gilles la ramène à Tif­fauges en deman­dant le plus secret à ses proches. Là, il la confie à Jhen Roque, qui tra­vaille comme archi­tecte au châ­teau.
À son réveil, elle veut abso­lu­ment ce docu­ment. Or, Vil­lan­drando est sous les murs, mena­çant car il sait que Gilles de Rais n’a plus les moyens d’entretenir une armée digne de ce nom. Jhen et Jeanne, avec le sou­tien de Gilles, décident de fuir pour mettre ce par­che­min, et les secrets qu’il recèle, à l’abri. Mais…

Le gra­phisme se par­tage entre Néjib pour le des­sin et Corinne Pleyers pour les cou­leurs. Si le pre­mier assure le des­sin réa­liste qui s’impose dans ce type de récit et dans cette suite de série ini­tiée il y a main­te­nant 38 ans, il soigne les visages, l’expressivité des pro­ta­go­nistes et la dyna­mique des corps. La ges­tuelle est fort bien ren­due et des élé­ments ana­to­miques ne sont pas dis­si­mu­lés. Les décors sont très tra­vaillés comme les cos­tumes et acces­soires qui sont le fruit d’une belle et solide docu­men­ta­tion.
La mise en cou­leurs ren­force la beauté et la pré­ci­sion du des­sin par un choix de teintes proches de la réa­lité et de ce qui est remonté jusqu’à nos jours de l’emploi des cou­leurs à cette époque.

Un album pas­sion­nant pour le rythme du récit, l’implication des per­son­nages et une intrigue joli­ment tour­née, mise en valeur par un gra­phisme approprié.

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serge per­raud

Jean Pleyers (scé­na­rio), Néjib (des­sin) & Corinne Pleyers (cou­leurs), Jhen — t.19 : Jeanne des Armoises, Cas­ter­man, jan­vier 2022, 48 p. – 11,95 €.

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