Henri Droguet une nouvelle fois met sa poésie en clique et en quête de celles et ceux que nous sommes. Le poète est lucide : nous ne méritons pas d’encyclique.
Au mieux, le mâle est merle albinos et sous ses cheveux mousseux la femme fait des crêpes avant que peut-être les deux grimpent au rideau.
Pour être tout à fait honnête, Droguet ne le dit pas implicitement car il a mieux à faire en charcutier de la cause poétique découpé en 5 portions et plusieurs séquences. L’homme de l’ouest, fidèle aux atlantiques crachins, poursuit son travail d’arpenteur entre bardane et anis étoilé et commence à connaître des ans les outrages
Raison de plus pour réaliser tout ce que la partie (importante) de son oeuvre chez Gallimard induit. A savoir, un chemin de halage où le réel est sans cesse métamorphosé par une magie verbale aussi drôle (souvent) que précieusement roturière.
Maître absolu du vocabulaire et de sa musique, Droguet crée une poésie très originale, à la fois proche et lointaine si bien que le réel tel qu’il est transformé devient déhanché. Qu’il pleuve sur un linge étendu et qu’un chien tousse n’assèchent pas la verve de Droguet. Bien au contraire.
D’où l’importance d’une oeuvre qui, sans tambour ni trompette, demeure essentielle par sa magie du verbe. L’ex “avorton jubilant” est tout sauf un faussaire. N’existe pas chez lui le moindre faux air.
Et le vent de la mer n’efface en rien les mots qui s’envoient en l’air pour le bien que ça fait.
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jean-paul gavard-perret
Henri Droguet, Toutes affaires cessantes, Gallimard, coll. Blanche, Paris, 2022, 88 p. — 12,00 €.
On peut croire que ce poète de ” la sensation élémentaire ” dit fort peu mais en économie silencieuse on l’entend fort . JPGP a tout capté de monsieur Droguet