Collectif, Oscar Wilde en Amérique. Les interviews

Voya­geons avec Oscar

On ne sau­rait lire toutes les paru­tions, et cer­taines parmi les plus pas­sion­nantes nous tombent entre les mains sur le tard. Ce n’est pas une rai­son de renon­cer à en par­ler, quand il s’agit d’ouvrages tou­jours dis­po­nibles.
Ce choix d’entretiens qu’Oscar Wilde a don­nés lors de sa tour­née de confé­rences aux Etats-Unis et au Canada, en 1882, contient aussi le texte de ces der­nières, au plus grand pro­fit du lec­teur. Nous pou­vons ainsi avoir l’illusion délec­table de voir l’Amérique par les yeux de Wilde, et de l’écouter par­ler en public.

A cette époque-là, le jeune homme dont l’essentiel de l’œuvre reste à écrire n’en a pas moins une répu­ta­tion de poète et d’esthète qui l’a rendu célèbre jusqu’outre-Atlantique, en par­tie grâce aux cari­ca­tures et autres charges média­tiques qui le visaient.
La plu­part des jour­na­listes qui l’ont ren­con­tré s’en fai­saient, mani­fes­te­ment, une image peu favo­rable ; la façon dont il réus­sit à les “retour­ner“ en par­lant avec eux force l’admiration, d’autant que le déca­lage de goûts et de for­ma­tion intel­lec­tuelle entre lui et eux est flagrant.

Comment parvient-il à les conqué­rir ? D’une part, en leur mani­fes­tant une gen­tillesse presque sans faille (s’il se montre irrité ou cho­qué par moments, il se rat­trape ensuite) ; d’autre part, en déployant dans ses réponses le brio hors pair dont il jouis­sait déjà.
On peut ajou­ter à ces atouts une façon sub­tile de flat­ter le patrio­tisme amé­ri­cain, sans se pri­ver pour autant de cri­ti­quer ce qui lui déplaît sur ce continent.

Les inter­vie­weurs décrivent presque tous le phy­sique (impo­sant), les vête­ments (extra­va­gants) et les pos­tures de Wilde, si bien qu’on a l’impression de le regar­der vivre tout en l’écoutant par­ler.
Les ama­teurs de son œuvre s’en réga­le­ront ; les lec­teurs qui ne connaissent guère ses essais trou­ve­ront dans cet ouvrage la meilleure façon d’entrer dans sa “phi­lo­so­phie esthé­tique“ qui mérite bien ce nom, et qui devrait être remise en valeur, tant elle est bien­fai­sante à toute époque et en tout lieu où l’on peut res­sen­tir le manque de beauté, d’intelligence et de générosité.

À lire et à offrir, y com­pris aux ado­les­cents, pour contri­buer à leur édu­ca­tion de la façon la plus plai­sante qui soit.

agathe de lastyns

Col­lec­tif, Oscar Wilde en Amé­rique. Les inter­views, tra­duit de l’anglais, pré­facé et annoté par Fran­çois Dupui­gre­net Des­rous­silles, Bar­tillat, sep­tembre 2016, 246 p. – 20,00 €

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