Les Revenants (Henrik Ibsen/Thomas Ostermeier)

La morale infaillible connaît face au ver­tige des êtres des dépla­ce­ments impalpables

L’espace est par­semé de meubles un peu éclai­rés, qui prennent de la sorte un air habité. C’est la salle qui est bai­gnée de lumière, alors que les acteurs inves­tissent la scène dans la pénombre ; avant que l’obscurité change insen­si­ble­ment de lieu. Des rela­tions ténues s’instaurent entre les pro­ta­go­nistes, pro­gres­si­ve­ment confron­tés à leur gouffre. Il s’agit d’un drame fami­lial, de bri­sures intimes ; les failles semblent trop énormes pour avoir été mas­quées. Elles se révèlent peu à peu, dans des cir­cons­tances qui semblent for­tuites, dans un cadre inti­miste pro­pi­tia­toire. Le pla­teau tour­nant sou­met les per­son­nages à des forces qui les déplacent ; ils sont sou­mis aux varia­tions de leur propre vul­né­ra­bi­lité. Par moments, une musique sans âme laisse entendre un temps dépourvu de vie.

Thomas Oster­meier pré­sente d’abord un tra­vail d’esthète : de beaux tableaux baroques, un rien fan­tas­tiques, sont ins­tal­lés dans l’ensemble de l’espace scé­nique grâce à un usage bien senti de la vidéo. Les comé­diens, convain­cants, sont bien emme­nés par Valé­rie Dre­ville, pré­sen­tant de façon maî­tri­sée une cha­leu­reuse com­po­si­tion. Il s’agit d’un spec­tacle dif­fi­cile, bien mené, pesant, au début peu dyna­mique, qui ne prend que peu à peu son ampleur. Une repré­sen­ta­tion d’un souffle tra­gique, enlevé, qui montre des sujets empor­tés et per­dus du mou­ve­ment même par lequel ils se sentent créer. La morale infaillible connaît face au ver­tige des êtres des dépla­ce­ments impal­pables. S’impose dou­ce­ment la tra­gé­die du reve­nir, tein­tée du risque de la repro­duc­tion ata­vique. Des say­nètes dignes d’une intrigue de pro­vince, émerge fina­le­ment une dévas­ta­tion existentielle.

chris­tophe giolito

 

Les Reve­nants

D’après Hen­rik Ibsen

Mise en scène Tho­mas Ostermeier

Avec Eric Cara­vaca, Valé­rie Dré­ville, Jean-Pierre Gos, Fran­çois Lori­quet, Mélo­die Richard

 

Adap­ta­tion et tra­duc­tion Tho­mas Oster­meier et Oli­vier Cadiot ; scé­no­gra­phie Jan Pap­pel­baum ; dra­ma­tur­gie Gianni Schnei­der ; vidéo de scène Sébas­tien Dupouey ; lumières Marie-Christine Soma ; cos­tumes Nina Wet­zel, assis­tée de Marie Abel ; musique Nils Ostendorf.

Assis­tante à la mise en scène Elisa Leroy.

 

Au théâtre Nanterre-Amandiers, 7 ave­nue Pablo-Picasso, 92022 Nan­terre Cedex

http://www.nanterre-amandiers.com/2012–2013/les-revenants

Loca­tion 01 46 14 70 00

Du 5 au 27 avril 2013, Grande Salle
Tous les jours à 20h sauf le dimanche à 16h et le jeudi 19h30 — Relâche le lundi
Durée : 1h40

Pro­duc­tion : Théâtre Vidy-Lausanne

Copro­duc­tion : Théâtre Nanterre-Amandiers, MC2 Gre­noble, Théâtre de Caen, Mai­son de la Culture d’Amiens. Avec le sou­tien de la Lote­rie Romande. Remer­cie­ments par­ti­cu­liers à Sacha Zilberfarb.

Le texte Les Reve­nants est publié dans le recueil Théâtre d’Henrik Ibsen aux édi­tions Gallimard,

col­lec­tion La Pléïade.

 

Tour­née :

Du 15 au 29 mars 2013 — Théâtre Vidy-Lausanne

Les 6 et 7 mai 2013 — L’Hippodrome, Scène natio­nale de Douai

Du 15 au 17 mai 2013 — Le lieu unique — Scène natio­nale de Nantes

Du 23 au 24 mai 2013 — Mai­son des Arts — Thonon-Evian

Du 29 au 30 mai 2013 — Théâtre de Cor­nouaille — Scène natio­nale de Quimper

Du 5 au 7 juin 2013 — Théâtre de Caen

Du 12 au 14 juin 2013 — Prin­temps des comé­diens – Montpellier

 

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