Le nocturne qui remue dans ce beau texte de Juliette Brevilliero n’a rien d’indien. Ce noir profond est celui qui s’agite en nous mais à notre insu. Celui de l’inconscient, bref de l’inconnu.
Une telle nuit, rien ne la dissout car elle ignore les aubes.
Et le poème n’est plus une crème onctueuse où se dissout ce noir. S’y révèle à moitié le moi, à moitié son évanescence.
Car c’est ainsi que tout humain erre, marabouté par ses rêves, ses cauchemars, entre réalité et surréalité et leurs rencontres ratées.
Cette profondeur de vue n’empêche pas une certaine alacrité des poèmes. Histoire de sauver quelque peu la lectrice ou le lecteur.
D’où ces sortes de valses délicates qui frisent parfois l’insouciance au sein même de la camarde et des testaments qui nous restent cachés.
Existe donc au coeur du noir une résurrection, là où le mysticisme est approché juste ce qu’il faut. L’auteur lui préfère la féerie. En exercice de délicatesse, de finesse et d’humour, exit le vague à l’âme.
Les odes musardent en des jeux d’allitérations, d’assonances, de mots drôles, de mots rares.
Le jeu reste toutefois des plus sérieux là où les mots se télescopent, se découpent, se malaxent entre sens et sons, forme et fond dans cette chirurgie de l’âme en ses tréfonds.
La verve permet que la pensée provoque l’inconscient. C’est une manière de faire fuser ce qui normalement et ailleurs se refuse tant l’infusion demeure inopérante.
Ici, la nuit remue.
En tous “sens”.
jean-paul gavard-perret
Juliette Brevilliero, Le jeu de la nuit, Galilée, Paris, 2022, 94 p. — 11,00 €.
Juliette pour Roméo , Brevilliero pour une sacrée ” pro ” des difficultés intimes et JPGP pour analyser ce double jeu du toutim . Ite .