Théâtre de l’absurde enjoué
Marlène Delcambre cherche à reconstruire un monde mais elle sait que nul ne peut en atteindre le fond ou le sommet.
Il convient néanmoins de les rejoindre par un dialogue ludique et plein d’émotion sensuelle avec le “voyeur”.
Tout pourrait faire penser à de la photographie de mode, mais sommes-nous certains de voir ce qui se passe ici ? L’artiste devient maîtresse et modèle de ses mises en scènes ou en abyme.
L’autoportrait est ainsi sublimé et dévergondé dans ce théâtre de l’absurde enjoué. Ce qui n’empêche en rien l’émotion qui se cache derrière le jeu.
Les prises rappellent parfois le passé, souvent le présent et toujours une certaine solitude.
Mais ce qui ruisselle de couleurs rentre dans le langage visuel par les portes d’un certain désir en diverses poses et propositions pour le moins intempestives.
Si bien que la photographie devient métaphore et mutation. Marlène Delcambre les cultive dans une sorte de délire programmé et contenu. Au regardeur de s’enfoncer dans un tel voyage comme la créatrice dans son lavabo.
Histoire non de se rincer l’oeil mais l’esprit et ses grottes obscures. C’est paradoxalement un moyen de voir mieux la voûte du ciel.
jean-paul gavard-perret
Marlène Delcambre, Chère Imagination, merci de ne rien me pardonner, Editions Corridor Elephant, Paris, 2022.