Les fragments de Pierre Chappuis mettent en évidence ce qui se détache du paysage avant de s’y perdre.
Existent seulement des reflets, des épures qui proches de l’effacement semblent ressurgir de la mémoire.
L’émotion naît de cette confrontation agissante et là où, à bout du compte, “compte n’y a”. Et se comprend ainsi le titre “en bref” puisque le paysage n’est plus un territoire visible et stable comme pourrait le donner à voir une peinture ou une photographie.
C’est dans ce qui s’étiole que tout passe entre évidence et inévidence, comme entre la largeur du paysage et l’étroitesse que le titre annonce.
L’horizon se dissout au profit de celui de l’écriture.
Elle ouvre le paysage, ses fragments détruits la mémoire les réanime en une sorte de cubisme qui remplace l’évidence “photographique” en des éléments “épars décolorés” mais qui demeurent.
jean-paul gavard-perret
Pierre Chappuis, En bref, paysage, Éditions Corti, collection « Domaine français », 2021, 61 p. — 14,00 €.