(dir.) Christophe Geffroy, Benoît XVI, le pontificat de la joie

Jusqu’au bout, les loups ont hurlé contre lui

 Ils ont même tenté de salir son départ. Parce qu’il n’a pas trem­blé devant eux. De qui parle-ton ? De Benoît XVI bien sûr, dont le pon­ti­fi­cat est résumé par les médias et ses enne­mis dans l’Eglise à une série de mal­adresses, d’erreurs, de déci­sions réac­tion­naires. Un acci­dent de l’histoire en quelque sorte. Une sorte de dou­lou­reuse paren­thèse qui vient de se refer­mer. Au lieu de lire des articles de jour­naux écrits par des jour­na­listes qui ignorent tout du catho­li­cisme et de l’Eglise, il faut se plon­ger dans le très beau livre-hommage publié sous la direc­tion de Chris­tophe Gef­froy. Il ras­semble près de trente contri­bu­tions aux auteurs très divers, des jour­na­listes, des his­to­riens, des ecclé­sias­tiques. Tous trou­blés par la renon­cia­tion his­to­rique du Sou­ve­rain pon­tife mais dési­reux de lui rendre hom­mage pour ce qu’il a apporté à l’Eglise du Christ et à ses enfants.
Les contri­bu­tions, aussi diverses soient-elles, reviennent toutes sur les fon­da­men­taux du pon­ti­fi­cat : le dis­cours de Ratis­bonne et celui, beau­coup moins connu, du 22 décembre 2005 sur l’interprétation de Vati­can II, les voyages, les trois ency­cliques, le motu pro­prio sum­mo­rum pon­ti­fi­cum, les négo­cia­tions avec la Fra­ter­nité Saint-Pie X, le dia­logue avec les autres branches chré­tiennes, ainsi qu’avec le judaïsme et l’islam. Chaque contri­bu­tion apporte son lot d’éléments de com­pré­hen­sion des grands actes de ces huit années. Elles sont néces­saires pour com­prendre cet homme « d’une intel­li­gence et d’un esprit tel­le­ment fin que l’époque était en peine de le suivre à son alti­tude. » (Gef­froy).

 Benoît XVI a voulu lut­ter contre les nou­velles idoles, contre les nou­veaux visages du Mal, contre « ce rela­ti­visme ter­ro­riste d’une nou­velle époque de per­sé­cu­tions sourdes. » (Guille­bon) Son œuvre litur­gique fut cari­ca­tu­rée parce qu’incomprise, alors qu’elle est essen­tielle, et même vitale pour l’Eglise. Ce « retour à la forme stricte de la litur­gie conci­liaire, avec une once de roma­nité baroque » (Dira­dou­rian) n’est en aucune façon le retour en arrière dont parlent ceux qui salissent la litur­gie latine. Bien au contraire, il est une res­tau­ra­tion, un retour à l’esprit du Concile et à la Tra­di­tion immuable.
Le pape alle­mand a suivi la ligne du pré­fet pour la Congré­ga­tion de la Doc­trine de la foi : pré­ser­ver la pureté de la doc­trine catho­lique et défendre l’identité des chré­tiens. Car « la mis­sion d’évangélisation exige des chré­tiens qu’ils soient d’abord et avant tout confor­tés dans leur foi, affer­mis dans leur iden­tité de fils de Dieu, enra­ci­nés dans la doc­trine du salut. » (Poc­quet du Haut-Jussé). Benoît XVI – de nom­breux auteurs insistent sur ce point – n’était pas pes­si­miste, mais réa­liste sur la situa­tion de l’Eglise, salie par ses enne­mis mais aussi par ceux cen­sés la ser­vir. Un incroyable opti­misme l’animait, fondé sur la vic­toire déjà rem­por­tée par le Christ.

Il n’est pas besoin d’être his­to­rien ou catho­lique de tra­di­tion pour savoir que ce pon­ti­fi­cat mar­quera l’histoire de l’Eglise. « Plus on l’étudiera, plus on consi­dé­rera sa gran­deur, sa valeur et son ori­gi­na­lité. » (Mgr Aumo­nier). Ce pape incarna le père dont les jeunes per­dus « dans une société sans père et sans repères » (Mgr Aillet) ont besoin. Son départ ébranla toute l’Eglise. Il est le pape qui a osé. Il s’est retiré dans un acte d’immense humi­lité vécue comme le fait de « vivre constam­ment sous le regard de Dieu. » (Dom Louis Marie)
Bref, ce livre est un anti­dote. Lisons-le avant d’allumer la télévision.

 fre­de­ric le moal

 Benoît XVI. Le pon­ti­fi­cat de la joie, sous la direc­tion de Chris­tophe Gef­froy, Artège-Les Cahiers de la Nef, mars 2013, 143 p. — 9.90 €

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