Je ne veux justement aucune réponse
Simon Hantaï (1922 — 2008) est considéré comme une figure majeure de l’abstraction.
Souvent, il est pris pour un taiseux resté en repli et silencieux par rapport au monde de l’art et de son marché.
De fait, à partir du moment où il expose à Paris en 1948, ces accrochages sont accompagnés de prises de position parfois polémiques. Elles permettent d’instituer toute une vision du cheminement de l’art Post-War.
Hantaï a fréquenté bien des peintres, poètes, philosophes dont des Surréalistes d’abord amis puis ennemis, et il est resté fasciné autant par les grands peintres classiques que par Cézanne, Pollock, Matisse et Michaux.
Dès lors, ses écrits sont précieux pour aborder la peinture de son époque qui est aussi la nôtre. Ce livre rassemble textes et entretiens rares ou inédits de 1953 à 2006 et permet un réexamen de nos idées sur l’art par rapport à celles d’un artiste jamais satisfait de ce qu’il créait.
Il offre aussi une autre lecture de son oeuvre et de ses avancées
Celui qui revendiqua à partir des années 60 le pliage comme méthode pour rompre avec l’ancienne logique picturale et recommencer une activité apparemment plus simple, chercha à découvrir du nouveau, plutôt que des variations d’un imaginaire qu’il estima éculé.
“Je ne veux pas une réponse qui m’assure quelque chose, je ne veux justement aucune réponse, je veux l’absolue non-réponse, c’est-à-dire l’infini.” écrit-il.
Et ces textes permettent de rentrer dans les hantises d’un créateur libéré de tout garrot.
Intransigeant, il ne souffrit aucun diktat et poursuivit une route solitaire que le marché de l’art lui fit longtemps payer avant qu’il devienne un incontournable.
jean-paul gavard-perret
Simon Hantaï, Ce qui est arrivé par la peinture — Écrits et entretiens 1953–2006, L’Atelier Contemporain, Strasbourg, février 2022, 296 p. — 25,00 €.