Pas de justice pour les femmes
C’est une semaine après la pendaison de Ferdaous que Nawaal El Saadawi a écrit le récit de la vie de celle qui fut exécutée. La psychiatre se trouvait elle-même en prison victime d’une arrestation arbitraire.
Elle a donc accompagné juste avant sa condamnation à mort celle dont le prénom, en arabe, veut dire Paradis mais qui durant sa vie n’aura connu que l’enfer.
La grande voix du féministe arabe, par ce récit, prouve qu’il n’existe pas de justice pour les femmes. Tout est fait par et pour les hommes. Ferdaous fut victime d’incestes et de violences conjugales à répétitions.
Programmée pour être prostituée, elle a voulu faire payer les mâles pour les sévices qu’elle a subis jusqu’au moment où l’un d’entre eux le paya de sa vie.
Nulles circonstances atténuantes ne furent retenues. Face à ce scandale, la psychiatre témoigne pour Ferdaous qui venait de lui raconter son existence. Publié en 1981 en français, ce texte est réédité aujourd’hui.
Ce récit reste terrible et poignant. Sa puissance demeure intacte.
La militante a donc offert un récit de première importance qui fait encore autorité aujourd’hui.
jean-paul gavard-perret
Nawal El Saadawi, Ferdaous, une voix en enfer, trad. de l’arabe par Assia Djebar & Essia Trabeski, préface d’Assia Djebar de l’Académie française, éd. des femmes–Antoinette Fouque, 2022 (broché 1981, 2007), 162 p. –10,25 €.