Si “L’église est une assemblée : la lecture en est une autre.” Et ce, pour une raison majeure : “Le livre est la maison de la pensée”, si bien que le livre est bien une architecture.
Elle ne varie pas forcément eu égard à qui elle abrite.
Demeure des Dieux, la basilique lorsqu’elle devient livresque n’est pas réservée qu’à eux. Les hommes y trouvent parfois leur meilleure part. première. Mais ce qui est sûr est que pour Suarès “Tout commence au monument et tout finit par le livre”.
Ce qui n’est pas forcément vrai pour les hommes. Néanmoins — au moins pour certains -, les écrits restent quand les villes elles-mêmes s’écroulent.
A cela, une raison majeure : “Les édiices sont l’architecture de la matière : le beau livre est une architecture de l’esprit.”. Reste que Suarès ne précise pas la différence entre un beau et un bon livre.
Car ce qui façonne ce dernier est non — contrairement à l’homme si l’on en croit Valéry - la “peau” mais ce qui est imprimé dessus et dedans.
Une fois de plus, Suarès offrit dans cette réflexion une prose qui interrogeait à la fois le monde, l’homme à travers un de ses objets majeurs. Ce texte reste l’éloge de sa beauté : de l’incunable au manuscrit tout fait monument.
Même si l’auteur regrette la décadence du livre pour cause de sa diffusion grandissante.
Se retrouve ainsi sa posture d’esthète. Elle peut être aujourd’hui encore discutée. Par exemple, “Le Livre de Poche” ouvrit la littérature à des générations de la seconde moitié du siècle dernier.
Cela, même si, s’adressant aux fidèles des livres monuments, Suarès rappelait que, “les derniers hommes ne sont pas faits en série par la machine sociale”.
Même celle qui sert à imprimer et diffuser ?
jean-paul gavard-perret
André Suarès, L’art du livre, Fata Morgana, Fontfroide le Haut, 2022, 40 p. — 10,00 €.