Sandrine Destombes, Le Dernier procès de Victor Melki

Justice ?

Avec ce nou­veau roman, la qua­trième enquête de la com­mis­saire Maxime Tel­lier, appe­lée Max, la roman­cière aborde le sujet de la jus­tice, celle ren­due par l’institution officielle.

La com­mis­saire Maxime Tel­lier est en dis­po­ni­bi­lité depuis quatre mois pour évi­ter un burn out. Ses col­lègues prennent régu­liè­re­ment de ses nou­velles. C’est en ren­trant d’une soi­rée arro­sée avec Jeanne qu’elle trouve, en ouvrant sa porte, un faire-part de décès, celui de Chris­tian Mal­lard. Une messe sera célé­brée dans trois jours à l’église de Saint-Louis de Gre­noble. Or, elle ne connaît aucun homme de ce nom.
Au matin, l’esprit plus clair mais sin­gu­liè­re­ment intri­guée, elle mène quelques recherches, télé­phone à la paroisse…

Elle décide d’aller à Gre­noble pour en apprendre plus. Là, per­sonne ne connaît le défunt. Toutes les ins­truc­tions pour les céré­mo­nies ont été don­nées dans des enve­loppes conte­nant l’argent liquide néces­saire. Seule une jeune parois­sienne, connue du prêtre, semble bou­le­ver­sée. C’est en regar­dant la com­po­si­tion flo­rale que l’esprit de Max a du mal à sai­sir ce que voient ses yeux : “L’ordalie a parlé, Chris­tian a échoué. Max Tel­lier.” Mais qui est dans ce cer­cueil ? Le corps sera inci­néré avant toute ten­ta­tive d’identification.
Enzo, mis au cou­rant, lui sug­gère de deman­der le concours de quelqu’un qui, dans son entou­rage, est réputé aimer les his­toires tor­dues. Elle appelle Antoine Bré­mont, capi­taine du DSC (Dépar­te­ment des sciences du com­por­te­ment). Après quelques pseudos-tergiversations, il accepte et ils com­mencent à enquê­ter en dehors des pro­cé­dures offi­cielles.
Ce qu’ils vont décou­vrir, peu à peu, mal­gré les com­pli­ca­tions, va les pla­cer dans une situa­tion bien difficile…

Certains indi­vi­dus peuvent esti­mer que la jus­tice légale est mal ren­due par ceux qui sont les garants du droit. Ils jugent alors qu’il est de leur devoir d’en pra­ti­quer une plus juste pour punir des cri­mi­nels qui, pour une rai­son ou une autre, ont échappé au châ­ti­ment.
L’auteure intro­duit l’ordalie, une pra­tique connue aussi sous le nom du juge­ment de Dieu. Cette forme de pro­cès, sur­tout à carac­tère reli­gieux, met­tait le pré­sumé cou­pable face à une épreuve sou­vent mor­telle, dont l’issue était don­née par une divi­nité. Si l’accusé était inno­cent, elle venait à son secours et l’aidait à sur­mon­ter l’épreuve. Pra­ti­quée depuis des temps immé­mo­riaux, elle a fleuri en Egypte pour déter­mi­ner, entre autres, le degré de noblesse d’un bâtard en le jetant dans le Nil. En Europe, l’ordalie verra son apo­gée de l’époque franque jusqu’au milieu du Moyen Âge.

Sandrine Des­tombes reforme le duo Maxime Tellier-Antoine Bré­mont, ce capi­taine de gen­dar­me­rie, pro­fi­leur, avec qui elle a fait équipe dans L’Arlequin (Hugo-Poche — juin 2021). La vie sen­ti­men­tale de Max a été un désert suite aux trau­ma­tismes subis dans son enfance jusqu’à une ren­contre qui s’est bien mal finie. Bré­mont a eu son épouse et son enfant mas­sa­crés il y a quelques années. Ces deux nau­fra­gés sen­ti­men­taux s’approchent, s’observent, se res­pirent dans une cho­ré­gra­phie qui esquisse un flirt.
L’intrigue est ori­gi­nale dans la mesure où les deux enquê­teurs doivent trou­ver les traces des vic­times avant celles du ou des criminels.

L’his­toire, menée avec brio avec un art nar­ra­tif cer­tain donne une belle vision du thème, de son approche par une gale­rie de pro­ta­go­nistes avan­çant sur un fil conduc­teur peu usité, même si le sujet de la jus­tice per­son­nelle a déjà été abordé.

serge per­raud

San­drine Des­tombes, Le Der­nier pro­cès de Vic­tor Melki, Hugo coll. “Thril­ler”, octobre 2021, 384 p. – 19,95 €.

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Filed under Pôle noir / Thriller

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