Francesco Zizola, In the Same Boat

L’hor­reur du silence

Fran­cesco Zizola, membre fon­da­teur de l’agence Noor Images, est un pho­to­graphe ita­lien qui tente de mon­trer les atro­ci­tés du monde.
A l’horreur des faits, s’ajoute l’horreur du silence.

En 2015, Fran­cesco Zizola était à bord du Bour­bon Argos et avec une équipe de Méde­cins sans fron­tières pour docu­men­ter le sau­ve­tage de plus de trois mille migrants.
Les auto­ri­tés gou­ver­ne­men­tales qui gèrent les urgences en mer (garde-côtes ita­liens, mal­tais et libyens) avaient réagi aux alarmes conti­nues avec envi­ron 20 heures de retard et les navires mar­chands qui avaient entendu les mes­sages et se trou­vaient à proxi­mité n’avaient pas osé une approche afin de ne pas ris­quer la sai­sie du navire par les autorités.

Depuis que le gou­ver­ne­ment ita­lien a mis fin à l’opération de recherche et de sau­ve­tage appe­lée Mare Nos­trum en 2016, les plus grandes tra­gé­dies de l’histoire mari­time se sont pro­duites en Médi­ter­ra­née.
Des mil­liers d’êtres humains sont aban­don­nés à la noyade ou aux mains des res­pon­sables des garde-côtes libyens payés par les gou­ver­ne­ments occi­den­taux pour décou­ra­ger les départs et rame­ner les migrants pris en mer.

C’est contre ces pou­voirs ins­ti­tu­tion­nels qui ont mis en place une énorme opé­ra­tion de dés­in­for­ma­tion que le pho­to­graphe ita­lien témoigne avec force et sans pathos. Les images dans leur réa­lisme parlent d’elles-mêmes.
Elles prouvent que l’Europe tourne la tête de l’autre coté et ne fait rien pour aider les êtres humains dont le seul “défaut” est d’essayer de ten­ter de sur­vivre au désert éco­no­mique et cultu­rel dans lequel l’Occident a trans­formé le monde.

jean-paul gavard-perret

Fran­cesco Zizola, In the Same Boat, 2021.

2 Comments

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2 Responses to Francesco Zizola, In the Same Boat

  1. Villeneuve

    Cent ans plus tard bis repe­tita du tableau ” Le Radeau de La Méduse ” pein­ture à l’huile sur toile de Théo­dore Géri­cault .
    Son titre ini­tial est Scène d’un nau­frage. Ce tableau repré­sente un épi­sode tra­gique de l’histoire de la marine colo­niale fran­çaise : le nau­frage de la fré­gate Méduse. Celle-ci est char­gée d’acheminer le maté­riel admi­nis­tra­tif, les fonc­tion­naires et les mili­taires affec­tés à ce qui devien­dra la colo­nie du Séné­gal. Elle s’est échouée le 2 juillet 1816 sur un banc de sable, un obs­tacle bien connu des navi­ga­teurs situé à une soixan­taine de kilo­mètres des côtes de l’actuelle Mauritanie2. Au moins 147 per­sonnes se main­tiennent à la sur­face de l’eau sur un radeau de for­tune et seuls quinze embarquent le 17 juillet à bord de L’Argus, un bateau venu les secou­rir. Cinq per­sonnes meurent peu après leur arri­vée à Saint-Louis du Séné­gal, après avoir enduré la faim, la déshy­dra­ta­tion, la folie et même l’anthropophagie.

  2. Villeneuve

    Cor­rec­tif : 200 ans plus tard … Bingo Fran­cisco avec une photo digne de l’esprit Géri­cault ! Hom­mage aussi à JPGP atten­tif aux mil­liers d’abandonnés .

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