Ce livre somme rassemble l’intime, le poétique et le politique pour ” donner la réverbération d’un monde”.
Deux grands poèmes articulent l’ensemble : “feston” court tout au long du livre. Il est accompagné de l’élégiaque “cantate pour François et pour Gérard” sur l’amitié et la disparition.
Dominique Fourcade « fixe » un passage dans sa poésie particulière. Elle surgit de situations aussi limites qu’ordinaires. Au propos visuel de la connaissance, il oppose le réseau de perceptions d’aspects pour jouir de la beauté qui s’y marque. Une beauté cachée partout plis selon plis.
Il ne s’agit pas ici de réduire mais d’ajouter en un séjour funèbre que lumineux. Il peut suffire à quelques instants de plaisir — et bien plus — de lecture.
Le livre se réinvente page par page en convoquant des images qui, dans leur présence, investissent l’écriture et l’espace du livre : Grand baigneur de Cézanne, une toile de Matisse, couvertures de livres ou de magazines, photographies sportives ou personnelles, portraits, affiches, reproductions d’œuvres d’art contemporaines ou du néolithique.
Il ne s’agit pas néanmoins d’illustrations mais de déclencheurs hors nostalgie afin de créer des évidence dans un livre qui semblent en train de se faire.
Avec plus de 150 reproductions d’œuvres et de documents, le monde se reconstruit non sans un certain décalage et une ironie. C’est, comme écrivait Mallarmé, « Après avoir trouvé le néant j’ai trouvé le beau ». Il présente l’évidence qui justifie de continuer d’exister là où pourtant il n’y a désormais (presque) plus de sens à être .
L’artiste suggère l’écart (irréversible ?) entre l’image et la chose, entre le livre tel qu’il fonctionne et tel que l’image-document le fait fonctionner. C’est d’ailleurs une thématique récurrente chez Fourcade. Il montre toujours le vide que le plein appelle en ses expériences de dilatation ou de vidange du temps et de l’espace.
Fourcade reste un poète de la perturbation qui remet en question l’enjeu de la représentation. Et il suffit du minimum d’étendue de son oeuvre afin de créer l’inexorable itération de sa “figure”. Elle impose ainsi sa loi et renvoie un regard différent sur la majesté des images.
Elles ne sont pas mises en abyme mais le livre les fait fonctionner dans l’imaginaire de celui ou celle qui s’en approche d’une autre façon. Cependant, nous ne sommes plus dans un effet de trompe-l’œil.
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présentation vidéo (1h00) du livre :
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Dominique Fourcade, Vous m’avez fait chercher, avec Hadrien France-Lanord & Sophie Pailloux-Riggi, P.O.L éditeur, 2021, 272 p. — 34, 90 €.
Autoportrait de son expérience de la poésie ” Vous m’avez fait chercher ” de Frédérique Fourcade est une vague quasi hallucinante de modernité après le passé empiété René Char , Cézanne , Matisse et même Hataï premier lauréat de la Fondation Maeght avant gardiste dans la fureur 1968 .
J’ai trouvé ! P.O.L et JPGP aussi .