David Chauvel, Sylvain Guinebaud & lou, Robilar ou Le Maistre chat — t.03 : “Fort Animo”

Rébel­lion à la ferme !

Robi­lar a dû quit­ter, à son corps défen­dant, une vie de chat obèse pour sub­sis­ter. Il vit, alors, des aven­tures telles celles d’un Chat Botté célèbre. Dans le pre­mier tome (Maou !! – Del­court 2020), par ven­geance il veut faire un prince de son nou­veau maître, un meu­nier.
Dans Un Ogre à marier (Del­court 2021), l’ogre est le roi et Robi­lar son cham­bel­lan. Le roi déprime dans son appa­rence mons­trueuse. Pour vaincre le malé­fice, Robi­lar lance des invi­ta­tions aux princesses…

C’est un mes­sa­ger ter­ro­risé qui trans­met l’ultimatum des ani­maux au roi et à son époux, l’ogre ayant retrouvé un amour d’antan. Les ani­maux de la ferme du père Riflon se révoltent. Ils ne veulent plus ser­vir de nour­ri­ture aux humains. Ils se sont empa­rés du fer­mier et de son épouse et menacent de les tuer si leurs reven­di­ca­tions ne sont pas enten­dues.
Le roi veut envoyer la garde mais Robi­lar se pro­pose comme média­teur. C’est avec le cui­si­nier, qui n’a plus que les légumes à pré­pa­rer et qui n’a jamais vu d’animaux vivants, qu’il se rend sur les lieux.
À la ferme les ani­maux tiennent une assem­blée conduite par deux prin­ci­paux meneurs, Jus­tin le cochon et V.C. O124, le canard. Ce seront les repré­sen­tants des poules, lapins, veaux, vaches, cochons et autre garde-manger vivant avec qui Robi­lar va devoir discuter…

Si David Chau­vel s’inspirait libre­ment du conte de Charles Per­rault, ici il louche car­ré­ment vers La Ferme des ani­maux de George Orwell et le film de John Wayne. Et comme lui, il dresse un constat peu valo­ri­sant, à tra­vers la para­bole, de la nature humaine. Il met en scène nombre des défauts humains (pas tous car il aurait fallu plu­sieurs tomes) tels la mal­veillance, la lâcheté, la tra­hi­son, le goût du pou­voir, l’ambition à tout prix.
Mais paral­lè­le­ment, il fait assaut d’humour, déployant un flo­ri­lège des expres­sions où figurent des noms d’animaux, des com­pa­rai­sons très sou­vent offen­santes quand elles ne sont pas inju­rieuses. Il joue avec les mots, les situa­tions. Il donne une belle gale­rie de per­son­nages, tel ce cui­si­nier qui n’avait jamais vu une bête vivante et qui découvre effaré, une réa­lité. La troupe des ani­maux est éga­le­ment excel­lente dans son déploie­ment, dans ses réactions.

Sylvain Gui­ne­baud illustre ce scé­na­rio avec un trait léger, vif, tout à fait dans l’esprit de la ligne claire. Il sait don­ner aux ani­maux des expres­sions très humaines.
Les décors sont par­fai­te­ment ren­dus et le des­sin est magni­fique dans chaque vignette, des vignettes riches en détails.

Avec un ton enlevé, David Chau­vel offre un récit réussi tant en nar­ra­tion qu’en com­po­sants de l’intrigue. Le gra­phisme, que se par­tagent Syl­vain Gui­ne­baud et Lou, pour la mise en cou­leurs, concourt à faire de ce troi­sième et der­nier (?) album, un opus très réjouissant.

lire un extrait

serge per­raud

David Chau­vel (scé­na­rio), Syl­vain Gui­ne­baud (des­sin) & Lou (cou­leur), Robi­lar ou Le Maistre chat — t.03 : Fort Animo, Del­court coll. “Conquis­ta­dor”, sep­tembre 2021, 64 p. – 15,50 €.

 

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