Robilar a dû quitter, à son corps défendant, une vie de chat obèse pour subsister. Il vit, alors, des aventures telles celles d’un Chat Botté célèbre. Dans le premier tome (Maou !! – Delcourt 2020), par vengeance il veut faire un prince de son nouveau maître, un meunier.
Dans Un Ogre à marier (Delcourt 2021), l’ogre est le roi et Robilar son chambellan. Le roi déprime dans son apparence monstrueuse. Pour vaincre le maléfice, Robilar lance des invitations aux princesses…
C’est un messager terrorisé qui transmet l’ultimatum des animaux au roi et à son époux, l’ogre ayant retrouvé un amour d’antan. Les animaux de la ferme du père Riflon se révoltent. Ils ne veulent plus servir de nourriture aux humains. Ils se sont emparés du fermier et de son épouse et menacent de les tuer si leurs revendications ne sont pas entendues.
Le roi veut envoyer la garde mais Robilar se propose comme médiateur. C’est avec le cuisinier, qui n’a plus que les légumes à préparer et qui n’a jamais vu d’animaux vivants, qu’il se rend sur les lieux.
À la ferme les animaux tiennent une assemblée conduite par deux principaux meneurs, Justin le cochon et V.C. O124, le canard. Ce seront les représentants des poules, lapins, veaux, vaches, cochons et autre garde-manger vivant avec qui Robilar va devoir discuter…
Si David Chauvel s’inspirait librement du conte de Charles Perrault, ici il louche carrément vers La Ferme des animaux de George Orwell et le film de John Wayne. Et comme lui, il dresse un constat peu valorisant, à travers la parabole, de la nature humaine. Il met en scène nombre des défauts humains (pas tous car il aurait fallu plusieurs tomes) tels la malveillance, la lâcheté, la trahison, le goût du pouvoir, l’ambition à tout prix.
Mais parallèlement, il fait assaut d’humour, déployant un florilège des expressions où figurent des noms d’animaux, des comparaisons très souvent offensantes quand elles ne sont pas injurieuses. Il joue avec les mots, les situations. Il donne une belle galerie de personnages, tel ce cuisinier qui n’avait jamais vu une bête vivante et qui découvre effaré, une réalité. La troupe des animaux est également excellente dans son déploiement, dans ses réactions.
Sylvain Guinebaud illustre ce scénario avec un trait léger, vif, tout à fait dans l’esprit de la ligne claire. Il sait donner aux animaux des expressions très humaines.
Les décors sont parfaitement rendus et le dessin est magnifique dans chaque vignette, des vignettes riches en détails.
Avec un ton enlevé, David Chauvel offre un récit réussi tant en narration qu’en composants de l’intrigue. Le graphisme, que se partagent Sylvain Guinebaud et Lou, pour la mise en couleurs, concourt à faire de ce troisième et dernier (?) album, un opus très réjouissant.
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serge perraud
David Chauvel (scénario), Sylvain Guinebaud (dessin) & Lou (couleur), Robilar ou Le Maistre chat — t.03 : Fort Animo, Delcourt coll. “Conquistador”, septembre 2021, 64 p. – 15,50 €.