L’immédiat et le mythique
Marie-Ange Daudé ne choisit ni la facilité ni la répétition. Elle continue par ses photographies austères où elle inverse l’ordre des choses et des plans.
Elle entre par exemple dans la nuit de la substance d’une femme nue face à diverses perspectives saisies en blanc ou noir en des lieux interlopes.
La photographe casse la chorégraphie du réel par ses visions impressionnantes où le corps semble en élévation ou en contraction hors des heures à compter mais où — tout autant — surgit la découverte de l’immédiat. N ‘existe plus d’un côté la réalité et d’un autre l’imaginaire. Et face à ceux qui prétendent savoir ce qu’est la réalité — où elle commence et où elle finit et de quoi est faite sa substance, — l’artiste court moins de risque d’erreur à penser qu’il y a une réalité intérieure et une réalité intérieure d’ailleurs.
Et ce, sans savoir forcément ce qui appartient à l’une et ce qui appartient à l’autre.
Tout ici devient langage, forme pour montrer cette chose si ordinaire et si impossible qui est d’être — et sans alternative.
La photographe est toujours à la recherche d’un nouveau lieu insolite, d’une nouvelle idée. Et celle qui se dit “incompétente” et dont la première image qui la frappa fut celle d’une femme en pantalon, cultive un romantisme particulier et des liaisons dangereuses avec le monde, ses ruines et ses variations.
Des silhouettes y suivent des nuages pour rendre leur ciel intact.
lire notre entretien avec l’artiste
jean-paul gavard-perret
Marie Ange Daudé, Une artiste à nu, livre édité par la photographe, 2021. Voire son site et son Facebook.