Etel Adnan, Je suis un Volcan , Au fil du temps & Découverte de l’immédiat

Poème en prose phosphorescent

Je suis un Vol­can, Au fil du temps regroupent des poèmes, des proses et des proses poé­tiques, parus entre autres dans des revues éparses aujourd’hui dif­fi­ciles d’accès.
Leur réunion mani­feste avec brio la diver­sité des inté­rêts d’Etel Adnan et la pro­fonde unité de son regard tou­jours curieux porté sur le monde.

S’y retrouve l’essence de celle qui s’élève de la manière sui­vante : “il n’y a pas lieu de craindre ceux / qui insultent notre insou­mis­sion, / les vain­cus auront tou­jours le/ der­nier mot”. D’où le por­trait de celle qui n’a cessé de lut­ter : ““j’habite un invi­sible qui n’a ni/ salle de bain ni entrée. / l’invisible n’a pas de pro­prié­taire. / le rêve n’a jamais de murs, / et il n’y fait jamais froid” écrit-elle.
Etel Adnan illustre par ses mots com­bien toute une connais­sance s’inscrit sur une matrice orga­ni­sa­tion­nelle par­ti­cu­lière dont la créa­trice a inventé le pri­vi­lège. Entre la pen­sée et la poé­sie sur­git ainsi une suite de digres­sions intem­pes­tives. Elles dérivent en anec­dotes, impres­sions, illus­tra­tions allé­go­riques pour élar­gir son investigation.

La créa­trice pro­pose ses propres “rêve­ries du pro­me­neur soli­taire” en un mono­logue inté­rieur de l’artiste ouvert. Soli­taire comme per­sonne, l’auteure et artiste parle, se parle, fait un bilan de sa vie extraite d’un pos­sible chaos. Mais l’auteure se dis­pense de la bio­gra­phie clas­sique.
Les textes poé­tiques vaga­bondent de manière magis­trale dans les humeurs et l’humour d’Etel dont la vie com­mença par s’extraire de cer­taines impasses quitte à endo­lo­rir ses proches.

Il fal­lait que la vie avance, s’assemble dans un fleuve char­riant des frag­ments pour que sur­gissent la pul­sa­tion directe des images de vie dont la fixité brus­que­ment se ren­verse, déborde dans ce livre . L’écriture et l’art ne sont plus ici comme le jour et la nuit.
Le livre devient un poème en prose phos­pho­res­cent. Il rap­pelle « que la vérité est une image ». Mais pas n’importe quelle image.

jean-paul gavard-perret

Etel Adnan”,
Je suis un Vol­can &  Au fil du temps, Lelong, Paris, 2021, 84 p. et 120 p.,
Décou­verte de l’immédiat  (expo­si­tion Lelong & Co, Paris et New York) du 13 jan­vier au 12 mars 2022.

 

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