Cette histoire se présente sous trois formes, le présent album de bande dessinée, un roman illustré et un jeu de rôles. Il met en scène un étrange personnage dans un univers d’heroic fantasy où le mal a été vaincu. Outre les aventures débridées et picaresques qui entraînent les personnages dans des quêtes improbables, l’auteur dépeint un monde où plus rien ne fonctionne correctement bien que les autorités affirment le contraire.
Le bien a mis à l’écart toutes les horreurs d’antan. Mais si, pour une raison quelconque, celles-ci ressurgissent, ce sera un carnage. L’action n’est toutefois pas incompatible avec l’humour et Yoann Sfar ne s’en prive pas. Entre les patronymes, les noms des objets et des lieux, les dialogues qui décoiffent, il y a matière à sourire, à rire. Et celui-ci, pour des scènes assez fortes, n’est pas de trop.
En Litvakie, l’Ère du bien règne depuis 83 ans. La paix est définitivement installée. Mais, dans la principauté de Gerçure d’Orteil, le palais de Justice est plein. C’est la première fois qu’un criminel va être jugé dans les lieux. Burrato, un nain Ritalien est accusé de vol. D’un caractère très ombrageux, outré d’être accusé, il se révolte et s’échappe. Il veut retrouver son cousin Mozzarello qu’il sait être le véritable auteur du pillage. Il le poursuit au cœur de territoires peu explorés, peu connus et va rencontrer un certain nombre de personnages hauts en couleurs, des déclassés, des bras-cassés. Cependant, il poursuit sa traque jusqu’à ce que…
Nicolas Keramidas qui sortait de À cœur ouvert, un album très personnel, a pu avec cette aventure laisser libre cours à sa fantaisie, s’exprimer son imagination fertile. Il a dessiné des créatures qui peuplent l’imaginaire fantastique selon son bon plaisir. Si Joann Sfar a conçu un story-board, le reste a été laissé à l’entière discrétion du dessinateur. Il a bénéficié d’une liberté totale pour inventer décors et personnages, tant sur le design que sur la construction visuelle de l’univers. Il a, ainsi, mis en avant des protagonistes très caractéristiques dans des scènes dynamiques.
Pour la mise en couleurs, Walter a utilisé essentiellement des couleurs primaires, jonglant avec des mariages de teintes pour des effets réussis.
L’album est complété par une annexe regroupant des informations sur l’univers, l’interview des auteurs, des illustrations, des esquisses, des recherches…
Dans ce volume, le premier d’une saga, l’univers développé est surprenant, original, passionnant à découvrir tant pour les actions, les différentes intrigues que pour un graphisme qui retient l’attention.
serge perraud
Joann Sfar (scénario), Nicolas Keramidas (dessin) & Walter (couleur), Commando Barbare — Burrato le Vertueux, Glénat, coll. “Hors Collection”, septembre 2021, 128 p. – 19,95 €.